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Scandale Volkswagen : tous ceux qui savaient

Lun 28/09/2015   —   Le poisson pourrit par la tête.
Matthias Muller devant la Porsche Mission E au salon de FrancfortMatthias MullerDe 2007 à 2015, le groupe Volkswagen a fabriqué plus de 11 millions de véhicules dotés d'un logiciel de contrôle moteur avec une fonction de mise en veilleuse permanente du système antipollution, pour ne le réactiver à fond que lors du passage à un test officiel de mesure antipollution. Le groupe VW tente aujourd'hui de faire croire que ce scandale n'est la mauvaise action que d'un petit groupe d'employés, il est impossible de le croire. Les voitures fautives sont en effet de plusieurs marques. Ce sont des Audi (A1, A3, A4, A5, A6, Q3, Q5 et TT), des Seat (Ibiza, Leon, Altea, Toledo, Alhambra et Exeo), des Skoda (Fabia, Octavia, Superb, Yeti, Roomster et Rapid), et des VW (Polo, Golf, Scirocco, Passat, Passat CC, Jetta, Newbeetle, Eos, Sharan, Tiguan, Touran, Caddy et Crafter). Soit 33 modèles, équipés de moteurs diesel 1.2 TDI, 1.6 TDI ou 2.0 TDI.

Même s'il y a des services transversaux dans le groupe Volkswagen, c'est d'ailleurs ce qui fait sa force et sa richesse, pour chacun de ses modèles, il y a un chef de projet. Lui devait savoir. C'est sa responsabilité que de tout savoir de l'auto dont il a la charge. L'auto passe t-elle les tests antipollution ? Avec de la marge ? Le chef de projet doit tout savoir, et ce n'est pas un homme qui travaille tout seul. 33 modèles signifient aussi 33 procédures d'homologation distinctes, donc beaucoup de travail pour les ingénieurs qui ont écrit le logiciel trompeur.

Entre une Audi TT et un Volkswagen Sharan, il peut y avoir le même moteur 2.0 TDI, mais les entrées d'air sont différentes, le refroidissement aussi, comme le ligne d'échappement, et plus globalement les contraintes. Le logiciel de contrôle moteur doit être modifié en conséquence. Et un tel logiciel n'est pas quelque chose qui s'écrit sans test. La tromperie de plus, a eu lieu sur plusieurs années. De 2007 à 2015. Or, dans une grande entreprise, il y a toujours des mouvements de personnel. Des anciens qui partent pour une autre société, ou à la retraite, et des nouveaux qui arrivent. Il a fallu les mettre au courant de la supercherie.

Enfin, il a eu de nombreux lanceurs d'alerte. Le premier aurait été de Bosch, le grand équipementier qui fournit le boitier électronique où tourne le logiciel illégal, aurait prévenu VW dès 2007 qu'il ne fallait pas utiliser le logiciel de contrôle moteur pour fausser les tests d'homologation. On sait qu'il y a eu d'autres alertes en 2009, 2011, 2013 et 2014. Des gens de Volkswagen les ont réceptionnées, et s'ils n'y ont répondu, ils ont dû en parler entre collègues... Tout le monde devine qu'il y a chez le constructeur un nombre important de personnes qui étaient au courant de sa tromperie. On aimerait une enquête judiciaire pour préciser les coupables (aura t-elle lieu ?), mais déjà il parait totalement surréaliste de croire Martin WInterkorn, le PDG déchu, quand il dit qu'il ne savait rien. Mais il y a pire.

Martin Winterkorn était un PDG terriblement mauvais s'il ne savait rien, et son successeur, Matthias Müller, loin de le blâmer, le remercie de tout ce qu'il a fait pour l'entreprise, et dit qu'il a son plus profond respect pour lui. Les 2 hommes sont vraisemblablement amis, et leur amitié va continuer, puisque Winterkorn, le PDG déchu de VW, est aujourd'hui le PDG de Porsche. La direction du groupe Volkswagen montre ainsi qu'elle refuse toute responsabilité, les mêmes hommes restent aux commandes, idem Rupert Stadler, le PDG d'Audi, héraut du TDI Clean Power aux Etats-Unis, et qui continue comme si de rien.


Laurent J. Masson



Rubrique(s) et mot(s)-clé : Volkswagen ; normes-antipollution ; ecologie