Rétromobile, parce que la passion est toujours là
Jeu 08/02/2018 — Malgré tout.
Le contrôle technique renforcé, donc plus cher, le péage des autoroutes en hausse, la vitesse réduite à 80 km/h sur les routes... Il est facile d'avoir le sentiment que la France est dirigée par des autophobes. Une visite à Rétromobile (au parc des expositions de la porte de Versailles, jusqu'à dimanche inclus) vient alors rappeler qu'en dépit de tout, il y a encore en France des dizaines de milliers de passionnés, qui sont passionnants parce que la voiture l'est ! A temoin, la Panhard et Levassor 35 CV ci-dessus. Optimisée pour réduire la trainée aérodynamique, cette voiture est à la pointe de la technique de 1934, et elle a été construite avec un optimisme qui parait insensé aujourd'hui. Pour diminuer la trainée aérodynamique, les ingénieurs ont tout simplement supprimé les freins avants ! George Eyston a parcouru 214 km en une heure, au volant de cette voiture en 1934 ! QUi oserait faire cela aujourd'hui ?
La sécurité, le rationalisme, l'antipollution, commandent tout aujourd'hui, et si les objectifs sont louables, il y a le risque d'aboutir à des produits aseptisés, incapables de produire la moindre émotion. Peut-on imaginer une voiture électrique qui génère le même ébahissement qu'on a devant le majestueux 6 cylindres d'une Bentley des meilleures années ?
Un drame pourtant est qu'il y a peu de jeunes à Rétromobile. La moyenne d'âge des visiteurs était très visiblement au delà des 40 ans, et pour les faire rêver, plusieurs stands exposaient des voitures... Sales. Non restaurées, dans leur jus, parce que c'est toujours le rêve des collectionneurs de sortir une merveille oubliée depuis plusieurs décennies dans une grande, comme la Porsche 356 ci-dessus. Deux jeunes ne l'avaient pas compris. Des entrepreneurs, mais des abrutis sans aucune connaissance du marché. Ils tentaient de vendre (150 € !!!) une application smartphone pour trouver des voitures anciennes...
Un changement bienvenu par contre, était que Rétromobile est descendu de son piédestal, pour présenter des voitures abordables. Bien sûr, les Ferrari, les Jaguar et les Maserati continuent à faire la majeure partie de l'exposition, mais une part substantielle de Rétromobile était dédiée à des voitures de collection, offertes à la vente pour moins de 25 000 €. La jolie petite Fiat ci-dessus était ainsi proposée à 11 990 €, et la Lancia Fulvia ci-dessous, un millésime 1965, donc la première année de ce modèle, était affichée à 23 000 €. Pas exactement donnée donc, mais le coût d'exposition était de 404 €. On soulignera pourtant que le nombre de stands était en hausse par rapport à l'année dernière, et que 13 constructeurs avaient un stand officiel. On verra sans doute là le signe que la voiture ancienne peut-être un échappatoire, face au quotidien toujours plus régulé. Une électrique pour la semaine, et une ancienne pour le dimanche, c'est peut-être l'avenir.
Rubrique(s) et mot(s)-clé : voitures-anciennes ; salon-automobile