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Les chinois sauveront-ils le salon de l'auto de Paris ?

Jeu 17/05/2018   —   Est-ce souhaitable ?
Trumpchi GS8Il y a 20 ans, les organisateurs du salon de l'auto de Paris avaient eu une idée stupide. Partant de la croyance que la France est le nombril du monde, ils avaient décidé de renommer le salon de l'auto, le Mondial de l'auto. Avec l'idée sous-jacente, mais jamais concrétisée, qu'on allait y voir toutes les voitures du monde. Il y avait moins d'une marque sur deux à la dernière édition, et on peut estimer qu'il y aura à peine une marque sur 3, en octobre prochain.

On ne peut manquer de donner une part de responsabilité à la municipalité dans cette désaffection croissante. L'automobile aura pourtant fait vivre des millions de parisiens, avec (entre autres) les usines Citroën du quai de Javel, le rendez-vous Toyota des Champs Elysées, le siège de Peugeot avenue de la Grande Armée... Mais tout cela a disparu. La maire de Paris est ouvertement autophobe, l'industrie l'a compris, et répond à cette autophobie comme il se doit. On doit ensuite signaler le cas particulier de la France. Oui, la France est un pays spécial. Il y avait eu naguère une manifestation de Greenpeace lors d'une conférence de presse de Volkswagen, et une manifestation de la CGT sur le stand Ford. Les constructeurs étant tous des entreprises multinationales, ils savent que de telles choses n'arrivent pas dans les autres pays.

Mais ce sont les patrons français qui auront mis le dernier clou sur le cercueil du mondial de l'auto. On attendait en effet de MM. Ghosn et Tavares qu'ils soutiennent le salon, en prenant de grands stands pour les marques dont ils ont la direction, ce ne sera pas le cas. Carlos Ghosn ne fera pas venir Nissan, Carlos Tavares ne fera pas venir Opel. Et si les français n'y croient plus, pourquoi les étrangers y croiraient ? Après Ford, Mazda, Mitsubishi et Volvo qui ont déjà confirmé leur non participation, c'est au tour de Volkswagen d'annoncer son absence.

Cette défection de la première marque étrangère dans l'hexagone est non seulement inattendue, mais franchement déstabilisante. Elle peut inviter d'autres indécis à partir, mais en même temps, elle rebat les cartes et invite à une nouvelle distribution. Ce sera aux dépens des organisateurs, puisqu'avec tant d'absents, ce n'est pas la peine de cacher que la négociation pour la vente de stands est clairement orientée à la baisse. Le centre du monde de l'industrie automobile pourrait alors en profiter, c'est Pékin. Il y avait plusieurs constructeurs chinois au dernier salon de Francfort, ils pourraient aussi être nombreux à Paris.

Notre illustration est une Trumpchi GS8. Un SUV 7 places motorisé par un 2 litres turbo-essence. Les constructeurs chinois ont de vastes gammes de modèles avec un potentiel européen. Même si leurs plans de conquête des marchés européens ne sont pas bien définis, le salon de l'auto de Paris pourrait leur offrir une visibilité appréciée... Chez eux. Les journalistes chinois seraient assurément impressionnés de venir en reportage à Paris pour y découvrir les nouveautés chinoises. Sauf qu'il serait pitoyable que le pays qui a inventé l'automobile doive le salut de son salon à des asiatiques. On préfererait presqu'il disparaisse, pour renaître à Rouen ou Reims.


Laurent J. Masson



Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; salon-automobile