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Uber, son succès serait un mauvais signal

Ven 10/05/2019   —   Pour le monde réel.
UberC'est l'un des symboles de la nouvelle économie : Uber, le leader mondial du transport urbain à la demande. La société, non côtée, doit aujourd'hui entrer en bourse. Les interrogations sont nombreuses, au niveau de la rentabilité, mais d'abord au niveau des mécontents. Il y a en effet peu d'entreprises aussi clivante. Cette société vit du travail de ses chauffeurs, et on en cherchera en vain un qui soit heureux. Tous sont mal payés, et ignorent totalement s'ils travailleront le lendemain. Les chauffeurs de taxis ensuite, leurs premiers concurrents, sont mécontents de cette concurrence déloyale, puisqu'ils ne payent pas les mêmes charges qu'eux, ce qui mécontente aussi les pouvoirs publics.

Il y a aussi des usagers mécontents, voire pire, puisque plusieurs femmes ont été violées par des chauffeurs d'Uber, mais les plus mécontents sont assurément les investisseurs du départ, puisqu'aujourd'hui, après 10 ans d'activité, Uber ne fait toujours qu'engranger des pertes. La société a même enregistré un déficit d'un milliard de dollars au seul premier trimestre de cette année ! On imagine d'ailleurs que si Uber ne parvient pas à faire des bénéfices alors qu'il se débrouille, avec des manières à la limite de la légalité, pour payer le moins de charges possibles, comment pourrait-il jamais gagner de l'argent s'il devait payer comme les chauffeurs de taxi ?

Quelque soit l'angle sous lequel on regarde l'avenir, aucun n'est réjouissant, sans compter que certains pays, comme la Hongrie ou la Bulgarie, non aveuglés par les mirages de la silicon valley, ont tout simplement interdit le service sur leur territoire. Une même interdiction pourrait aussi survenir en Allemagne. Parce que l'intérêt d'Uber est contraire à l'intérêt national. Si un chauffeur parisien conduit un parisien sans voiture d'un bout à l'autre de la capitale, il n'y a pas de raison pour qu'une partie du prix de cette course parte chez Uber, très loin à l'étranger.

Si donc l'entrée en bourse d'Uber est un succès, cela signifierait qu'il y a beaucoup de gens pour croire que la globalisation peut supplanter les intérêts nationaux, que le travail mal payé mal sécurisé, doit se substituer au travail régulier, et qu'une entreprise qui ne fait qu'enregistrer des déficits, pourrait tout d'un coup, sans que personne ne voit clairement comment, devenir un jour profitable. Autrement dit, qu'on vivrait dans un monde tordu.


Laurent J. Masson



Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; autopartage-covoiturage