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Action : Sarkozy prend les rênes du Grenelle

Ven 26/10/2007   —   En compagnie d'Al Gore et de José Manuel Barroso, le président a prononcé le discours de clôture du Grenelle de l'environnement, les choses vont maintenant avancer.
« Vos propositions, je les fais miennes... Je les mettrai en œuvre ». Les participants du Grenelle qui assistaient au discours du président, Nicolas Hulot et Hubert Reeves étaient au premier rang, ont dû être ravis d'entendre Nicolas Sarkozy s'exprimer ainsi. De même qu'il est fabuleux, et historique, qu'un président de la république française tienne un discours de plus de 45 minutes sur l'environnement. Enfin, les questions environnementales sont au rang qu'elles méritent, et le président a fixé de nombreux objectifs prometteurs. C'est au niveau du logement qu'il a été le plus ambitieux, avec raison puisque les habitations sont les premiers émetteurs de gaz à effet de serre du pays, bien loin devant les transports, et le projet est que tous les batiments neufs en 2020 soient à énergie positive. C'est-à-dire qu'à cette date, toutes les batiments neufs devront produire plus d'énergie (par la géothermie, par le photovoltaïque...) qu'ils n'en consomment. Et interdiction des ampoules à incandescence dés 2010. Ce semble lointain, on voudrait que les choses aillent plus vite, mais le président veut agir de manière responsable, et donner le temps aux entreprises de se préparer à la nouvelle donne.

Au niveau des transports, le président propose de développer massivement le fret ferroviaire ainsi que le transport maritime et fluvial, et à peu près tout le monde est pour, mais l'objectif annoncé de retirer 3 millions de camions de la circulation à l'horizon 2020 nous semble très élevé. Il faudra des fonds européens pour financer de nouvelles infrastructures... Tandis qu'à un niveau local, les collectivités pourront obtenir des aides de l'état pour réaliser des voies cyclables, ou de transports en site propre, mais le montant de ces aides n'a pas été précisé. Si elles ne suffisent pas cependant, les communes seront libres d'instaurer des péages urbains. Pour le transport des personnes, le président a confirmé l'annonce de Jean-Louis Borloo de la création de 2000 km de voies nouvelles pour les TGV, tandis que la fiscalité des automobiles sera révisée pour taxer plus les autos les plus polluantes, et les fonds ainsi obtenus serviront à financer des primes à la casse pour les vieilles autos à la dépollution insatisfaisante. Ensuite, mais sans donner de détails sur les technologies, M. Sarkozy a annoncé des efforts très importants dans le financement de la recherche pour développer des voitures propres, et accélerer l'arrivée des biocarburants de seconde génération.

Tout ceci est déjà globalement très positif, mais il reste 3 gros dossiers que le président n'a pu qu'évoquer car ils nécessitent une concertation européenne, ce sont la TVA réduite sur les produits propres (qu'il faut déjà définir !), la taxe carbone et la lutte contre le dumping environnemental. Les consommateurs auront remarqué l'invasion, par exemple, des cycles et cyclomoteurs chinois, beaucoup moins chers à produire, car les usines de ce pays, qui n'est pas signataire des accords de Kyoto, sont très loin des normes environnementales en vigueur en Europe. Alors que les voitures chinoises frappent à la porte, il n'est que trop temps de réfléchir à une taxe qui viendrait réquilibrer les choses, mais c'est à Bruxelles que cela se décidera. Et comme la TVA réduite ou la taxe carbone, il faudra hélas, probablement des années (!) de négociations avant d'arriver à un consensus...

D'où notre regret que le président Sarkozy n'ait pas eu l'idée de faire aux hydrocarbures fossiles, ce que le gouvernement fait aux retraites. Harmonisation et suppression des régimes spéciaux. Parce qu'il est un comble qu'alors que c'est un produit de base unique qui arrive aux raffineries, le pétrole, pour être transformé en des produits multiples, essence ; gazole ; fuel domestique ; GPL ; kérosène ; etc... Mais des produits qui rejettent tous le même facheux gaz à effet de serre. Comment se fait-il alors que la fiscalité applicable à ces différents produits varie dans des proportions supérieures à 1 à 10 ? Corriger ces inégalités se ferait à Paris, et pourrait se faire rapidement. Ce qui n'est pas du tout le cas d'une réforme de la fiscalité pour alourdir celles des énergies fossiles au profit du travail. Le président, visiblement, s'il veut faire avancer les choses, ne veut déplaire à personne. Mais on ne pourra éluder éternellement la question de savoir, s'il est toujours opportun que le particulier qui achète du fuel pour son chauffage soit moins taxé que celui qui va travailler avec sa voiture.

Laurent J. Masson



Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; politique-transport_France