Périphérique : le plan de Paris pour accroître les inégalités
Jeu 30/05/2019 — Ce qu'on ne dit pas.
Dans les hypermarchés de province, on trouve du lait à moins d'un euro le litre, et des baguettes de pain à moins de 50 centimes. Des prix très inférieurs à ceux que connaissent les parisiens. Il y a de multiples raisons pour expliquer cette différence, qui est valable pour tous les produits, mais l'une d'elle est la facilité d'approvisionnement des grands hypermarchés. Ils sont faciles d'accès, parce qu'ils sont tous à proximité d'un noeud routier important, et les livraisons y sont tout aussi aisées, parce qu'ils possèdent à l'arrière un large débarcadère ou de gros poids lourds peuvent manoeuvrer sans peine, et décharger leurs marchandises 24 heures sur 24, et 7 jours sur 7. Ce n'est pas comme cela à Paris.La circulation avec un gros camion y est impossible, il faut donc des dépots intermédiaires, où les chargements des gros poids lourds sont divisés dans des véhicules plus petits, et même pour ces derniers, les horaires où ils peuvent assurer leurs livraisons sont strictement règlementés. Un rapport sur l'avenir du périphérique parisien, approuvé par la maire, préconise aujourd'hui de réduire les voies de circulation sur cet axe essentiel, ainsi que la vitesse. Voilà qui ne va pas aider, et cela se traduira immanquablement par une hausse des prix à l'intérieur de la zone de plus en plus difficile d'accès.
Le drame est connu, il est que si en Allemagne, environ un allemand sur 20 vit dans l'agglomération de Berlin, c'est en France, plus d'un français sur 10 qui vit dans la métropole du grand Paris. La concentration de la pollution suit la concentration de la population, qui entraine aussi une hausse des inégalités entre les habitants de la capitale et les ruraux. Il est alors opportun que le ministre de l'écologie se fasse appeler aujourd'hui ministre de la transition écologique et solidaire, parce qu'on voit bien que pour réduire la pollution, comme les inégalités, la seule solution est dans une meilleure répartition de la population sur le territoire. Mais qui évoque ce sujet ?
En attendant une politique d'aménagement du territoire, le projet de modifier le boulevard périphérique parisien n'est pour l'heure qu'un projet. Une réduction de la vitesse autorisée pourrait certes survenir assez rapidement, même si rien aujourd'hui ne permet d'avancer que cela diminuerait la pollution, mais toute autre mesure, telle que la réduction des voies de circulation ne pourra être mise en oeuvre sans une large concertation préalable, entre la ville de Paris, la région et bien sûr l'état.
Laurent J. Masson
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