Après les ZFE, le contrôle annuel antipollution pour tous ?
Lun 02/06/2025 — Ne pas renier les objectifs.
Il y a avait eu ce premier vote en commission fin mars, mais ce fut la semaine dernière, en séance normale que les députés ont voté la suppression des ZFE. Ces zones pour la qualité de l'air qui restreignent la circulation des véhicules les plus anciens. On les appelle aussi zones d'exclusion. Ce rejet n'est pourtant pas encore définitif. Le processus législatif est lent et complexe, et il y a encore des centaines d'amendements à étudier. Plusieurs semaines sont encore nécessaires avant de pouvoir affirmer que les ZFE vont disparaître, mais on notera que le rejet a été voté par une majorité transpartisane. Des députés de gauche, du centre et de droite ont voté pour la suppression des ZFE, dont les partisans sont désormais minoritaires. On tentera alors ici de réfléchir à la suite.Dans tous les cas, qu'on soit pour ou contre, il faut reconnaître que les ZFE n'ont pas donné de résultats fantastiques. Oui, la qualité de l'air s'est amélioré, mais la première raison à cela est le renouvellement naturel du parc dé véhicules en circulation. On le sait, les voitures particulières qui polluent le plus sont les diesels d'avant 1997. Mais combien en reste t-il dans la circulation en 2025 ? Il faudra demander au gouvernement les chiffres exacts, mais du vécu d'un automobiliste, on ne voit plus beaucoup de Peugeot 405, ou de Citroën Xantia dans les rues. D'après Airparif (cité par le Citepa), pour ce qui est des émissions d’oxydes d’azote (NOx) dûes au trafic routier estimée entre 2017 et 2023, la ZFE-m aurait permis une réduction de 6 %, sur une baisse globale enregistrée de 42 %. Et pour ce qui est des émissions de particules fines (PM2,5), la baisse dûe à la ZFE-m ne serait que de 3 %, sur une baisse mesurée totale de 32 %.
Si certains attendaient un miracle des ZFE, ils l'attendront encore. Il serait plus judicieux, plutôt que de frapper injustement des millions d'automobilistes, de s'en prendre uniquement aux gros pollueurs, car la technique le permet. Il existe des appareils permettant de distinguer dans une file de véhicules celui qui pollue beaucoup plus que les autres. Cela ne peut pas se faire avec une fiabilité suffisante de manière automatisée, il faut un agent verbalisateur, mais on le fait bien pour les infractions aux limitations de vitesse. On peut le faire pour la pollution... Pour aller plus loin, il serait possible d'étendre aux voitures particulières, l'obligation imposée aux utilitaires d'un contrôle antipollution annuel (distinct et moins cher que le contrôle technique).La fin des ZFE n'est pas la fin du monde, et elle est encore moins un permis d'euthanasie pour tous les habitants des grandes villes. Ce ne sera qu'un évènement mineur, probablement sans conséquence mesurable. Alors que personne ne pleure ni ne s'effraie.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; ecologie