La stratégie de Nissan pour redevenir japonais
Jeu 25/04/2019 — Une partie pourrissement.

On sait que juste avant son arrestation, Carlos Ghosn avait le projet de changer des choses chez Nissan, dont il avait bien vu les résultats se dégrader, on ne lui en a pas laissé le temps. Avec un sens malsain du spectacle, puisqu'il a été arrêté à l'aéroport sous les yeux des caméras, alors qu'on aurait pu tout aussi bien l'arrêter à son bureau. Le spectre d'un complot était apparent, il est aujourd'hui confirmé quand on a trouvé des courriers attestant qu'il y avait des échanges entre Nissan et le gouvernement japonais pour bloquer toute fusion entre Renault et Nissan. Et l'homme qui était derrière tout cela chez Nissan était Hari Nada, le même qui construisait un dossier contre Carlos Ghosn.
On voit une stratégie en 3 actes. D'abord le complot contre Carlos Ghosn. Qu'il est d'autant plus facile d'alimenter que les moeurs japonaises sont bien différentes de celles des pays arabes. On sait qu'en Arabie Saoudite, les droits de distribution de Nissan appartiennent à un membre de la famille royale, et que si on veut faire du business dans le pays, il faut trouver un arrangement avec cette personne (source). Carlos Ghosn étant libanais, il sait comment négocier un arrangement avec des arabes, mais évidemment, cela laisse des traces comptables... Quand Carlos Ghosn est accusé de détournements de fonds, il pourrait s'agir de fonds destinés à rémunérer ce type d'intermédiaires... Le second acte était une chasse aux sorcières, et si cet article ne cite que 2 personnes, il y a bien plus de fidèles de Carlos Ghosn qui ont quitté Nissan durant ces derniers mois... Le troisième acte enfin, serait celui du pourrissement.
Pendant plusieurs années, Nissan aura contribué massivement aux résultats de Renault, son actionnaire, ce ne sera pas le cas cette année. Nissan va devenir un boulet pour Renault... A MoteurNature, on sait que Nissan sait faire de très bonnes autos, et nous aimons beaucoup la Leaf, mais alors que les problèmes s'aggravent, on ne sait quels seront les hommes, ni les moyens, pour les solutionner. On imagine alors que beaucoup d'actionnaires souhaiteraient le retour de Carlos Ghosn aux commandes, tout simplement parce qu'avec lui, la société était plus performante.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : Nissan ; industrie-production