Francfort 2019 : un salon de transition
Lun 16/09/2019 — Juste une mauvaise période à passer.

L'association Greenpeace manifestait une fois de plus à l'entrée du salon. A l'extérieur donc, mais à l'intérieur, tout n'allait pas non plus sur des roulettes, puisque la VDA, l'association allemande des constructeurs qui organise le salon, avait fait une erreur. L'exposition était toujours aussi étendue, allant du hall 1 au hall 11, alors que les halls intermédiaires 3.1, 3.2 et d'autres étaient vides. Il aurait été plus intelligent de faire un salon plus resserré, où les visiteurs auraient eu moins à marcher, mais la VDA vit peut-être dans le souvenir de sa gloire passée... En tout cas, sans qu'on sache clairement pourquoi, le président de la VDA démissionnait le second jour du salon.

A Francfort, Mercedes a toujours été le roi. Il a son propre hall, le premier, et celui dont l'architecture est la plus sophistiquée. Contrairement aux autres, Mercedes n'avait pas réduit la taille de sa surface d'exposition en 2019. Actuellement, cas unique, elle a même un peu augmentée, du fait d'une réduction de la surface dévolue à Smart. Mais si la surface était en hausse, le nombre de voitures exposées a lui nettement baissé (2 collègues ont confirmé mon sentiment). A leur place, nous avons été atterrés de voir des trotinettes et des skateboards. Chez Mercdes, le constructeur de grosses berlines ! Deux skateboards étaient même connectés dynamiquement, en montant dessus, on se retrouvait face à un écran géant qui faisait défiler un circuit (illustration du haut). Que Mercedes ait cela sur son stand, voilà qui prouve que le monde change. Mais ce qui minait Francfort, et toute l'industrie, est qu'on ne sait pas où l'on va.
L'exemple des trotinnettes est révélateur. Quelques-uns disent que c'est moderne, d'autres que c'est écolo, mais comme on l'a vu à Paris, des milliers de trottinettes partout sur les trottoirs ne sont pas un progrès. Surtout que ces petits engins n'ont rien de durable. Alors on parle de voiture partagée, on parle d'Uber, mais c'est une société qui perd plusieurs millions d'euros chaque jour. Est-ce bien cela l'avenir ? Les transports en commun ne valent pas mieux. A côté de la dette abyssale de la SNCF que l'état doit prendre à sa charge, 100 % des transports publics en France sont déficitaires, et ce sont les contribuables qui doivent régler la note. La panacée étant la voiture électrique, qui était en vedette sur tous les stands, mais dont l'aptitude à faire vivre une société commerciale n'est pas encore établie.

Au risque de surprendre nos lecteurs, nous allons en effet saluer un exploit technologique, qui est celui des autos capables de faire des pointes à plus de 200 km/h, et de faire voyager 5 personnes avec tous leurs bagages sur plus de 1000 km sans ravitailler. Grâce au progrès, c'est ce que permet aujourd'hui un gros SUV diesel comme un BMW X5, un Skoda Kodiak ou un Volkswagen Touareg. Les voitures zéro émission sont malheureusement encore très loin de pouvoir offrir de telles prestations, et c'est là qu'est tout le problème. On attend l'essence synthétique, l'hydrogène ou des batteries à bien plus forte densité énergétique, mais tant que le progrès écologique sera au prix d'une baisse des prestations, l'industrie a un problème. Les progrès constants de la technologie sont cependant rassurants. La Porsche Taycan prouve que les voitures zéro émission deviennent de plus en plus rapides, et les triplettes Volkswagen e-up/Seat Mii Electric/Skoda Citigo iV montrent qu'elles sont de plus en plus abordables. Il n'y a plus que quelques années à passer, et la voiture individuelle fera à nouveau rêver les foules !
Laurent J. Masson
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