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La pollution des jeunes des banlieues

Mar 22/11/2005   —   Maintenant que le calme est revenu dans le pays, ou presque, le bilan des dégâts est connu, mais on est encore en train de chiffrer tous les dommages subis. On sait pourtant déjà qui a le plus souffert : l'environnement.
Nous ne parlerons pas ici de l'environnement social, mais on sait pourtant que pour la chambre de commerce de Seine St Denis, à qui incombe la charge de convaincre les entreprises d'investir dans le département, ce sont les 10 dernières années de travail qui sont parties en fumée. Idem pour le particulier qui a vu sa voiture prise par les flammes, la probabilité qu'il pardonne un jour à ceux qui ont fait cela, pour établir avec eux des relations de voisinage cordial est quasi nulle. Mais la question écologique est tout aussi grave. Plus de 8.300 voitures ont été incendiées entre le 27 octobre et le 16 novembre, alors que 21.900 avaient déjà brûlées dans les 7 premiers mois de cette année 2005. Ce qui fera nettement plus de 40.000 automobiles parties en fumée au 31 décembre, la dernière nuit de l'année dont on sait déjà qu'elle servira de justificatif à toutes les débauches, dont bien des incendies de voitures...

Ou écrivons plutôt véhicules, puisque les incendiaires, qui ont fait la une de ces dernières semaines, ne semblent pas faire la distinction entre voitures particulières et transports en commun. Ils brûlent aussi bien petites voitures qu'autobus, et il ne tient sans doute qu'aux vigiles de l'aéroport du Bourget qu'aucun avion n'ait été brulé. Pour ce qui est des voitures, la France va passer le triste cap de plus d'une voiture immatriculée sur mille incendiée dans l'année. Ce qui fait s'interroger. Les hauts fonctionnaires européens qui rédigent de rigoureux réglements, de strictes normes sur la fin de vie des véhicules, et qui organisent la mise en place de filières de récupération écologique travaillent-ils pour rien ?

Les politiques, et notamment le ministre de l'écologie, qui ne s'est pas beaucoup fait entendre ces derniers temps, peuvent mettre en place toutes les bonnes mesures qu'ils veulent et qu'ils peuvent, mais tant qu'on acceptera que des milliers de voitures soient brûlées, ces politiques n'obtiendront pas l'effet escompté. N'a t-on pas lu et entendu la semaine dernière, que la situation était redevenue « normale » puisque moins de 200 véhicules avaient été brûlés dans la nuit ? Chaque voiture brûlée est un crime contre l'environnement.

Dans le détail, une voiture brûlée, ce serait aussi une batterie qui brûle, sauf qu'une batterie ne peut pas brûler (ou sinon dans des conditions très particulières). Mais pire, son électrolyte chauffe, dégage de l'hydrogène et explose, relâchant dans l'atmosphère des vapeurs de plomb et d'acide sulfurique. Ces vapeurs sont fortement cancérigènes. Le carburant est brûlé sans que ses émissions soient filtrées par le pot catalytique, et ledit catalyseur, s'il ne brûle pas (il est conçu pour les hautes températures), exhale sous la chaleur tous les résidus qui l'encrassaient, accompagné par tout l'échappement qui va libérer d'un coup tous les dépôts de suies qui s'y sont accumulés. Plus la voiture est ancienne, plus il y en a. L'huile moteur brûle à 100 %, et sauf sur une voiture neuve, elle est lourdement chargée de métaux, idem l'huile de boite. Vapeurs toxiques. Les pneumatiques ensuite, souvent la pièce la plus dure à enflammer, mais une fois qu'elle brûle, un pneu dégage une fumée noire, épaisse, qui a vite fait d'obscurcir l'atmosphère, et les bronches de ceux qui la respirent. Côtoyer une personne qui fume une cigarette est déjà nocif, mais être à côté d'un pneu qui brûle est 100 fois pire. Et 40.000 voitures qui brûlent, cela fait 200.000 pneus avec les roues de secours !

Après cela, plus difficiles à catégoriser, les nombreux plastiques qui composent l'intérieur des voitures. Les matériaux insonorisants, les peintures et vernis, les revêtements de sol et autres garnissages. Y a t-il quelque chose qui ne soit pas toxique dans tout cela, nous ne le croyons pas. Le cuir des vieilles voitures était naturel, mais celui des derniers modèles est plusieurs fois traité par divers agents chimiques pour lui assurer souplesse et résistance, et son feu n'est désormais plus inoffensif. Ce qui va permettre de dégager une sémantique qui devrait faire l'unanimité. Racaille pour les uns ou victimes d'injustices sociales pour les autres, on a dit tant de choses, dont tant de bêtises, nous avons ainsi retenu l'expression « le quartier s'est embrasé », totalement dénuée de sens. Par auto-combustion ? Un quartier ne peut s'embraser, il ne peut y avoir qu'un groupe d'individus, identifiables, qui mettent le feu à différents biens mobiliers ou immobiliers du quartier. Et nous pouvons leur donner un nom : des pollueurs.

S'ils ne le sont pas, qu'ils aillent exprimer leur mécontement en organisant un sit-in devant le ministère des affaires sociales, ou l'Assemblée Nationale. Mais par pitié, qu'on arrête de brûler des voitures. Incinération et enfouissement appartiennent au XX° siècle, le XXI° siècle doit être organisation et recyclage.


Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; politique-transport_France ; ecologie