Les promesses de la BMW i8 hybride rechargeable : enthousiasme et questions

Pour beaucoup, ce fut un coup de foudre. Il fallait être au salon de Francfort en 2009 pour assister à la présentation du concept BMW Vision EfficientDynamics. A lui seul, il valait le déplacement. Nous avions revu l'auto l'année suivante au salon de Paris, et à chaque fois, elle attirait les foules comme pas une autre auto sur le salon. Devant un tel succès populaire, doublé par une multitude de commentaires élogieux dans tous les médias, BMW n'avait pas le choix. Il devait donner à l'auto le feu vert pour qu'elle en production. C'est ce qu'il a fait, mais ce n'est pas encore la voiture de cette page. Cette BMW i8 Concept est un prototype en cours de développement, à peu près à mi-chemin entre le concept de 2009, et la voiture de série que nous n'attendons pas avant 2014.

Plus réaliste que le concept de 2009, cette auto est aussi plus simple. Il n'y a plus qu'un seul moteur électrique de propulsion. Il transmet sa puissance 96 kW (131 ch) avec 250 Nm de couple aux roues avants. Actuellement, il y a aussi un petit moteur électrique à l'arrière, mais c'est un générateur. Il ne peut transmettre sa puissance aux roues arrières. Il n'est là que pour recharger la batterie si besoin est, entrainé par un moteur 3 cylindres essence de 1,5 litres. Exit donc le diesel du concept de 2009... Fortement turbocompressé, ce moteur délivre une puissance de 223 ch (164 kW), avec un couple de 300 Nm. En travaillant de concert avec le moteur électrique avant, le conducteur a sous son pied droit 260 kW (353 ch) avec 550 Nm de couple.

Ces chiffres sont indéniablement enthousiasmants, mais on ne peut s'empêcher de s'interroger. Parce que pour ceux comme nous qui ont eu l'opportunité de conduire des BMW puissantes, on sait qu'il y a un plaisir à conduire ces autos, parce qu'elles répondent de manière immédiate, précise, et prévisible à toute action du conducteur. On freine très tard dans un virage, et on réaccélère très tôt, on sait ce qu'il va se passer. Le conducteur a confiance dans sa monture. Il sait comment elle réagit. Mais cette future i8 sera très différente, en son âme et en ses manières, des voitures qui ont fait la réputation de BMW.

En mode électrique, la voiture sera une traction avant. A vitesse soutenue et constante sur autoroute, BMW a déjà laissé entendre que l'auto pourra fonctionner sur son seul moteur essence. Ce sera donc une propulsion. Le mode normal est cependant que l'auto soit une hybride à 4 roues motrices. Nous imaginons que les ingénieurs vont avoir un travail fou pour donner au conducteur de l'auto le sentiment d'être dans une auto normale, malgré qu'il y a aura des variations dans le nombre et la place de ses roues motrices. Pour compliquer les choses, on rappellera qu'un moteur électrique a moins d'inertie qu'un essence. On peut alors imaginer des reprises plus vigoureuses sur les roues avants qu'arrières. Côté freinage enfin, ce sera conventionnel sur les roues arrières, mais avec regénération d'énergie sur les roues avants. Là où c'est le plus efficace. En fait, tout est bien, et l'électronique peut gérer toutes ces transitions, mais on imagine un travail de mise au point inouï pour donner à l'auto un comportement facilement compréhensible par le conducteur, et digne d'une BMW.

Pour autant, ce travail est peut-être le plus enthousiasmant qu'un ingénieur auto puisse avoir. Les ingénieurs BMW essaient de faire une auto qui auraient les performances d'une M3, avec une consommation de Prius. 250 km/h en pointe, moins de 5 secondes pour passer de 0 à 100 km/h, et 2,7 l/100 km en moyenne normalisée. C'est BMW qui le dit. Tout le monde n'est pas obligé de le croire, mais tout le monde doit reconnaitre que la promesse est fantastique. On sait que BMW travaille énormément sur la réduction des masses, avec un usage maximal d'aluminium, de magnésium et de plastique renforcé de fibre de carbone. L'i8 ne pèserait que 1480 kg, soit très peu pour une auto de ce calibre, avec une batterie lithium-ion qui assure 35 km d'autonomie en mode électrique. L'i8 a l'allure d'une voiture de rêve, elle en aura aussi les prestations, et le tarif (!), il n'y a en fait qu'une seule interrogation : prodiguera t-elle un plaisir de conduire comme on l'attend d'une BMW ?



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