L'Exagon Furtive-eGT promet, mais doit faire ses preuves

Après la présentation du concept en 2010, nous attendions beaucoup de la voiture de série Exagon Furtive eGT, l'auto devant nous, nous n'avons pas été déçus. Mais tout de même surpris, car le constructeur a pris une orientation bien plus haut de gamme que nous l'avions imaginé. Il y a du fantastique dans cette auto, et nous allons y venir, mais il est difficile de ne pas être choqué devant son prix de vente de 404 248 €. Il convient sans doute mieux de donner le prix hors taxes, de 338 000 €, puisqu'à ce niveau, l'écrasante majorité des clients ne sont pas en France. Ils ne paieront donc pas la TVA à 19,6 %, et ils n'auront pas droit au bonus de 7000 €.

Pour justifier ce tarif, Exagon Motors explique sa volonté de renouer avec la grande tradtion automobile française, celles des Delage, Delahaye et autres Talbot d'avant 1940. Le constructeur a pour cela retenu les meilleures technologies, et les plus belles matières. Mais dés le premier coup d'oeil, nous voyons un défaut. La voiture est trop discrète. 4,46 m de long, 1,91 m de large et haut de 1,29 m, la Furtive est un joli coupé, mais une BMW série 6 est plus imposante dans la rue. Quand on pense au style flamboyant de certaines Delahaye, qui suscitent l'admiration encore aujourd'hui, on se dit qu'Exagon a perdu là une belle occasion de se distinguer, et de poser les premières de sa légitimité. Car entendons nous bien, Exagon Motors a tout à prouver.


Après la Venturi Fetish et le roadster Tesla, les amateurs savent désormais qu'il est possible de faire une voiture électrique très performante. Mais il reste à prouver que le produit d'une PME inconnue puisse être supérieur à un produit phare d'une marque ultra vénérée. Une Ferrari FF, une autre 2+2 très aboutie techniquement, est vendue 140 000 € de moins ! Oui, l'Exagon ne pollue pas, mais il suffit de quelques milliers d'euros pour financer la plantation d'arbres qui compenseront toute la pollution émise par la Ferrari. La voiture électrique a besoin d'autres arguments, et Exagon est allé en chercher chez des partenaires prestigieux.

Les batteries sont des Saft. C'est donc le retour de Saft dans la voiture électrique. Leader mondial de la batterie ultra haut de gamme, celles des satellites et des avions de chasse. Le pack employé ici a une capacité de 53 kWh, et ses performances sont étonnantes puisqu'il conserverait 80 % de cette capacité après 3000 cycles. A la limite, c'est trop puisque cela veut dire que le pack a une durée de vie supérieure à 900 000 km (l'autonomie est entre 280 et 360 km). Le moteur ensuite provient d'une autre leader mondial, une multinationale qui a plus de 100 ans d'expérience dans le domaine des machines électriques de toutes sortes : Siemens. Et là, Exagon n'a pas retenu la solution la plus simple, puisqu'il y a 2 moteurs.


Mais pas un moteur par train, ni un moteur pour chaque roue arrière, ces 2 moteurs sont l'un à côté de l'autre en position centrale arrière pour transmettre leur puissance au pont (arrière). Une particularité pourtant, est que chacun est accouplé à une boite à 2 vitesses. Avec une caractéristique très habile qui est que lorsque l'auto est en mouvement, il y a toujours un moteur en prise. Et cela fait 3 rapports. Dans une accélération, les 2 moteurs partent ensemble en première, puis un moteur passe en seconde alors que l'autre reste en première pour ne pas cesser d'envoyer de la puissance, et cet autre ne passe en seconde que lorsque le premier l'est déjà. Pour suivre tout cela en direct, le compte-tours a 2 aiguilles, et cela permettra au conducteur d'une Furtive-eGT d'épater ceux qui roulent en Ferrari : « J'avais mon moteur 1 à 9000 tr/mn, et mon moteur 2 à 5000 tr/mn... »

Le reste de l'auto est au même niveau, avec une monocoque et une carrosserie intégralement en carbone. La monocoque seule ne pèse que 124 kg, avec son plancher structurel pour accueillir les batteries. Les suspensions sont composées de doubles triangles superposés tout en alu, c'est donc comme sur une voiture de course. Toute l'expérience de la petite équipe d'Exagon Motors vient d'ailleurs de la compétition, puisque c'est elle qui a fabriquée les voitures du Trophée Andros, le seul et unique championnat réservé aux voitures électriques (vidéo). La plus belle promesse de la Furtive eGT est là. Elle sera plus qu'une élégante GT à 2 coffres.


On connait bien sûr le couple immédiat des voitures électriques. Avec ces 2 moteurs, l'Exagon dispose de 296 kW (402 ch) avec un couple de 516 Nm, et elle ne décevra pas sur ce plan. Mais on l'attend aussi en tenue de route. Avec une excellente répartition des masses et un centre de gravité très bas, la Furtive-eGT devrait se révéler redoutable... L'auto accuse une masse à vide de 1640 kg, et vu que sur une électrique, le poids tous pleins faits est équivalent, l'Exagon est bien plus légère qu'une Ferrari FF. Le constructeur annonce déjà un temps de 3,5 secondes pour passer de 0 à 100 km/h, et on nous a confié sur le salon qu'à Magny Cours, la Furtive-eGT tournait plus vite qu'une BMW M3 ! Voilà qui est très intéressant, et on attend alors des mesures précises, sur ce circuit et d'autres, pour découvrir le potentiel réel de cette Exagon Furtive-eGT. Mais on sait que certains n'ont pas attendu, le petit constructeur a déjà enregistré plusieurs commandes fermes.



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