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Paris : Delanoé plus autophobe qu'efficace

Mar 13/11/2012   —   Moins de liberté, plus de surveillance.
Bentley 1960Bertrand Delanoé, maire de Paris, a dévoilé hier un ambitieux projet de réduction de la pollution automobile dans la capitale. C'est si ambitieux que cela dépasse les limites territoriales de la ville, pour s'étendre jusqu'à l'autoroute A86, de Bondy à Versailles. La mesure phare est une interdiction de circulation des voitures qui ne respecteraient pas au minimum la norme Euro 2, qui est entrée en vigueur en 1997 pour les autos, et 1996 pour les poids lourds. Il ne serait donc plus possible de rouler à Paris dans l'élégante Bentley de notre illustration, et la commémoration de la libération de Paris se ferait sans vieilles Jeep américaines.

Ce serait positif, puisque cette vieille Bentley rejette plus de 10 fois plus de NOx qu'un diesel moderne. Mais pour être vraiment efficace, il faudrait songer à l'interdiction des voitures qui ne sont pas au minimum Euro 3 (millésime 2000), et équipées d'un FAP pour les diesels. Si le maire de Paris était courageux, c'est ce qu'il demanderait. On note que son adjointe ne le demande pas non plus. Paris resterait donc nettement en retrait par rapport aux interdictions en vigueur à Berlin, où les diesels qui ne sont pas au minimum Euro 4 (après 2005) ne peuvent circuler.

C'est dommage pour la santé des parisiens, car de toutes les mesures proposées par le maire de Paris, c'est très nettement le retrait de la circulation des vieilles voitures qui aurait la plus grande efficacité. M. Delanoé propose aussi de réduire la vitesse sur le périphérique de 80 à 70 km/h, et de créer des zones 30 km/h à Paris. Une question abordée ici sur notre forum, et pour laquelle on citera Joëlle Colosio, responsable qualité de l’air à l’Agence de l’Environnement et de Maîtrise de l’Energie (Ademe), interviewée par Libération. « Nous venons de finir un travail sur l’impact de la vitesse automobile sur la qualité de l’air. Les résultats démontrent qu’une réduction de la vitesse, de 80km/h à 70km/h, a un impact très très faible sur les émissions de CO2 et de particules ».

Attention à ne pas faire de raisonnement hatif. Oui, on consomme et on pollue moins en ligne droite et à allure stabilisée à 130 plutôt qu'à 160 km/h. C'est vrai. Mais dans le traffic heurté de la circulation parisienne, le raisonnement ne tient pas. Le maire de Paris propose ensuite le retour de la prime à la casse, et des abonnements gratuits à Autolib pour ceux qui renoncent à la voiture individuelle. On rappellera pourtant qu'elle est l'un des derniers espaces sans surveillance à Paris. Peu de parisiens en ont conscience, mais avec le pass navigo de la RATP, les Vélib et Autolib, tous leurs déplacements sont enregistrés. La mairie de Paris a effectué ces dernières années un travail de sabotage formidable pour réduire les transports hors de toute surveillance, principalement par la réduction des places de stationnement, et elle continue. On peut approuver, mais qu'on ne se serve pas de l'argument écologique.

Respecter l'environnement n'a pas à entrainer de régression. Considérant qu'en plus de rejeter moins de polluants toxiques, les voitures les plus récentes sont aussi plus sûres, on pourrait parfaitement proposer d'interdire les véhicules non Euro 4 sur le périphérique, tout en augmentant la vitesse maximale autorisée à 90 km/h. Ce serait plus efficace que les propositions de M. Delanoé.

Laurent J. Masson



Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; politique-transport_France ; ecologie