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GIEC acte 3, facilité en apparence

Dim 06/05/2007   —   Des chiffres qui ne veulent pas tout dire.
Le Groupe International d'Experts au chevet du Climat (GIEC) a dévoilé son troisième rapport sur les moyens de contrer le changement climatique. Attention à ne pas se laisser prendre par sa facilité. Sans doute qu'après avoir fait peur après ces 2 premiers rapports (1 ; 2), le GIEC voulait rassurer, mais nous pensons qu'il y est trop bien parvenu. 0,1 % du PIB mondial ! Voilà le seul chiffre que beaucoup ont retenu de la conférence de presse où le rapport (version abrégée, en anglais) fut présenté. C'est ce qu'il suffirait de dépenser pour contrer le changement climatique, mais non pas du tout. Ce 0,1 % désigne la réduction annuelle du PIB mondial, si tous les pays du monde adoptaient toutes les technologies connues et disponibles, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ce 0,1 % ne donne aucune idée quant aux sommes considérables qu'il faudra engager pour agir, ni aux difficultés colossales qu'il faudra surmonter. Attention aux chiffres ! Il est juste de dire que si on prend une vieille maison mal isolée, qu'on y mette de la laine de verre et des revêtements isolants partout, qu'on change toutes les fenêtres pour des nouvelles plus hermétiques avec double vitrage, qu'on y installe un chauffe-eau solaire, un éclairage et des appareils ménagers basse consommation, cela aboutira à des émissions de gaz à effet de serre réduites de plus de moitié pendant les 20 ans à venir. Mais cela ne reflète rien du budget qu'il faudra dépenser la première année...

La bonne nouvelle du troisième rapport du GIEC est qu'il donne des solutions, charge ensuite aux politiques de les appliquer. L'exemple des ampoules basse consommation est excellent. Faut-il interdire les ampoules classiques ? Donner des claques à ceux qui en achètent encore ? Le GIEC ne le dit pas, il se contente d'indiquer les solutions qui selon lui peuvent faire la différence. Dans le domaine des transports, ce sont : des véhicules plus efficients, des véhicules hybrides, des véhicules diesel propre, les biocarburants, une transition du transport routier vers le rail et les transports publics, les déplacements non motorisés (marche, vélo), la gestion intelligente du territoire et de l'organisation des transports. S'il y en a qui s'attendait à ce que le GIEC sorte un lapin de quelque grand chapeau, c'est raté.

Toutes ces solutions sont conues de longue date, et le GIEC ne peut qu'insister sur l'urgence de les diffuser, mais la tâche est déjà immense. Pour la France, un petit calcul d'école peut montrer la difficulté du problème. En cultivant toutes les surfaces qui peuvent l'être mais qui ne le sont pas, on peut peut-être arriver à produire 10 % du carburant consommé en France de manière renouvelable. Si ensuite toutes les voitures de France étaient des hybrides, on pourrait peut-être baisser la consommation globale de 20 %. Si enfin toutes les voitures étaient diesel (presque la moitié aujourd'hui), on pourrait baisser les rejets de CO2 de peut-être 10 %. On aboutit donc à ce que si demain, les plus de 30 millions de voitures du parc auto français étaient des hybrides diesel alimentées avec 10 % de biocarburant, les émissions de CO2 dûes au secteur des transports par automobile seraient réduites de 40 %. On imagine pourtant l'effort énorme pour aboutir à cela... Quand le GIEC explique qu'il faut réduire les émissions d'au moins 50 %, et si possible de 85 %... Il y a du travail, cela va coûter cher, et cela ne va pas se faire du jour au lendemain.

Laurent J. Masson



Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; ecologie