Le plan auto du gouvernement
Jeu 26/07/2012 — Immobilisme, continuité, vieilles recettes qui n'ont pas marché, et méprise.

Nouvelle grille du bonus-malus
On attendait plus d'imagination dans le volet développement de la voiture propre, mais là aussi le gouvernement déçoit, puisqu'il ne sait proposer qu'un nouveau barême pour le bonus-malus. Le bonus pour les voitures électriques passe de 5000 à 7000 €, et celui pour les hybrides monte du même montant, soit de 2000 à 4000 €. Quant aux voitures classiques, l'actuel bonus de 400 € passerait à 550 €, et celui de 100 € monterait à 200 €. C'est certes encourageant, mais insuffisant pour transformer le marché... Tout cela sera financé par des hausses du malus, mais les ministres ne les précisent pas encore. On ne les connaitra qu'avec la loi de finances 2013. On notera cependant qu'à priori, le gouvernement devra frapper fort avec les malus, puisque les hausses du bonus interviendraient en 2012 (à une date encore non précisée), tandis que les hausses du malus ne se feraient que l'année prochaine. C'est prendre le risque d'aggraver le déficit budgétaire 2012, avec la nécessité d'une correction violente l'année prochaine... On peut aussi souligner la nomination de 12 territoires pilotes pour le déploiement d'infrastructures publiques de recharge, avec un budget de 50 millions, mais... A quelques virgules près, le précedent gouvernement avait exactement les mêmes projets.
Politique industrielle
C'est dans un troisième volet que le plan auto surprend. Nous lisons que : « Il faut développer une vision d'ensemble pour garantir l'avenir de notre industrie » ; « Cette stratégie sera portée par l'Etat » ; « La filière automobile française dans son ensemble doit être beaucoup plus solidaire » ; « La qualité du dialogue social est l'une des conditions de réussite du plan automobile » ; « Les constructeurs et équipementiers doivent s'engager à soutenir les PME... par... une plus grande visibilité sur les volumes, les prix ». Si M. Montebourg a l'intention de réinventer le plan quinquennal, rappellons-lui que cela a déjà été essayé, et que cela n'a pas marché. Personne ne peut dire combien Peugeot vendra de 208 en Allemagne l'année prochaine, et en conséquence l'industrie automobile a besoin de souplesse, comme de pouvoir s'engager dans de multiples pistes sans formalités. Il n'est pas sûr que le gouvernement ait compris cela, et il semble de même ignorer que l'industrie auto est extremement gourmande en capital. Les PME n'y ont aucune place.
Investissements de fonds publics
Le plan auto évoque des financements publics par le biais d'OSEO et du Fonds de Modernisation des Equipementiers Automobiles (FMEA), avec plusieurs centaines de millions d'euros disponibles pour des PME. Mais si on compare le produit d'une PME portée par des fonds publics, par exemple la Mia électrique, avec le produit d'un grand constructeur, par exemple la Smart électrique, la seconde est plus que 10 fois mieux en tout, et elle est moins chère. Le gouvernement a de la chance, la Smart électrique est fabriquée en France, comme le Renault Kangoo, et bientôt la Zoe. Mais que propose t-il pour inciter d'autres grands constructeurs à produire en France des véhicules similaires ?
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; politique-transport_France