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Tesla, entreprise de plus en plus spéculative, irréelle et même immorale

Ven 23/03/2018   —   Vive les déficits !
Tesla vient d'adopter un nouveau plan de rémunération pour son dirigeant, Elon Musk. Les chiffres sont énormes. A donner le vertige, jusqu'à 56 milliards de dollars si tous les objectifs sont atteints, et c'est ce que tout le monde regarde, mais c'est le caractère irrationnel des objectifs qui doit interpeller. Dans la distribution automobile, la référence est le nombre de voitures vendues, et dans l'industrie, la valeur qui compte pour l'intéressement aux résultats est le bénéfice net de la société. Le nouveau plan de rémunération d'Elon Musk n'est aucunement lié à ses valeurs fondamentales. Dans le détail, ce plan est lié est la réalisation de 28 objectifs. De ceux-ci, 12 (par paliers successifs) sont liés à la capitalisation boursière de la société, 8 sont liés à une hausse du chiffre d'affaires, et 8 sont liés à une hausse du résultat EBITDA.

La capitalisation boursière, en premier, est déjà un signe manifeste de spéculation. Tesla a aujourd'hui une capitalisation boursière de 52 milliards de dollars, donc supérieure à celle de General Motors (51 milliards), alors que GM vend a vendu 100 fois plus de voitures l'année dernière. Ce n'est pas normal. Mais Tesla voit pourtant beaucoup plus loin, avec l'idée d'une capitalisation qui ferait plus que décupler, pour atteindre 650 milliards de dollars.

Le chiffre d'affaires ensuite, devrait atteindre 175 milliards de dollars pour qu'Elon Musk touche la rémunération maximale. Ce qui fait beaucoup d'argent ! Plus du double du chiffre d'affaires du groupe PSA, qui a tout de même vendu plus de 3,6 millions de voitures l'année dernière... Même si Tesla vend des voitures chères, il lui faudrait vendre nettement plus d'un million de voitures, et des milliers de batteries stationnaires par an, pour atteindre un tel chiffre...

Enfin le pire, la valeur EBITDA (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation, and Amortization). Cette valeur utilisée aux Etats-Unis n'est guère appréciée des comptables européens, puisqu'elle ne reflète pas les performances réelles d'une entreprise. Une société peut ainsi avoir un résultat EBITDA largement positif, mais afficher un déficit dans son résultat net. Et c'est là que repose tout le scandale de la rémunération d'Elon Musk. Dans la liste des objectifs qu'il doit atteindre, il n'y en a aucun qui indique explicitement que la société doive faire des profits.

La société Tesla a toujours été déficitaire. On voit tous les ans dans ses résultats, un chiffre d'affaires en hausse, avec un déficit qui est lui aussi en progression. Et Elon Musk n'a strictement aucun intérêt à ce que cela change. Tesla peut continuer à perdre de l'argent, mais cela ne l'empêchera pas de gagner des milliards. On n'est plus dans l'économie réelle, mais dans la spéculation pure. On comprend d'ailleurs très bien que les actionnaires aient approuvé ce plan de rémunération. Les objectifs premiers étant une hausse de la capitalisation boursière, les actionnaires ont donc voté de récompenser Elon Musk si la valeur de leurs actions augmentent. C'est la spéculation qui se nourrit de la spéculation ! Certains continueront à soutenir Elon Musk au motif que ses autos vont sauver la planète en ne rejetant aucune émission, mais l'idée que le patron d'une entreprise déficitaire puisse gagner des milliards restera toujours détestable.


Laurent J. Masson



Rubrique(s) et mot(s)-clé : Tesla ; industrie-production ; voiture-electrique