L'Europe sauve le thermique par l'ajout d'une molécule aux carburants de synthèse
Lun 27/03/2023 — Toutes les explications.

Déjà, des voix s'élèvent pour dénoncer ce revirement, au motif que les carburants de synthèse n'ont rien d'écologique, qu'ils coûteront une fortune, voire même qu'ils sont une escroquerie. Mais les gens qui disent cela sont au mieux des incompétents, au pire des présomptueux. Parce que les carburants de synthèse ne sont encore fabriqué qu'en toute petite quantité, salon un processus qui est encore largement expérimental. Il est tout simplement trop tôt pour juger de leur viabilité sur le long terme, si leurs volumes de production étaient très importants. Le vrai problème est ailleurs.
Parce que l'idée derrière l'essence de synthèse était de faire une essence parfaitement compatible avec toutes les voitures essence actuelles, et qui puisse remplacer l'essence sans plomb actuelle sans aucune modification, ni sur les infrastructures de distribution, ni sur les véhicules. Concrètement, une Porsche millésime 2034 pourra rouler soit à l'essence issue du raffinage du pétrole, soit à l'essence de synthèse. Mais la Porsche de 2035 ne devra plus pouvoir rouler à l'essence fossile, puisqu'elle ne devra plus pouvoir accepter que l'essence de synthèse.
Le truc pour permettre cela, à notre connaissance n'existe pas encore. Il s'agirait d'une molécule, ajoutée à l'essence de synthèse, et qui serait détectée par le système de gestion électronique du moteur. Si la molécule n'est pas trouvée, le moteur serait arrêté immédiatement. Et s'il y en a déjà qui pensent à tricher, on peut écrire que ce sera impossible. Les constructeurs savent déjà faire des boitiers de gestion moteur qu'il est n'est pas possible de reprogrammer (sans compter que les boitiers sont scellés). Porsche travaille sur le sujet, et à priori, une solution aurait été trouvée, son coût serait marginal, mais aucun détail n'a encore été révélé.
Dans tous les cas, cette nouvelle législation ne servira pas à grand chose. Oui, on veut que Ferrari puisse continuer à vendre des V12, et Porsche des 6 à plat. On veut aussi maintenir les connaissances et le savoir-faire autour du moteur à combustion interne, pour les pays du sud où ils vont rester majoritaires encore longtemps. Mais au vu du succès en croissance rapide des électriques dans l'Europe de l'ouest, et au vu des projets des constructeurs, la vague électrique est bien lancée. Elle ne s'arrêtera pas.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; politique-transport_Europe ; biocarburant