Lotus Evija, contact avec l'hypercar électrique
Dim 18/06/2023 — Après le Nurburgring.
Deux millions de livres Sterling. En euros, cela fait encore plus. Il n'est pas dans mes habitudes de penser d'abord au prix, quand je vais voir une nouvelle voiture, mais celle-là, elle est vraiment d'un prix pas normal. Je pense au prix de ma maison, à celui de la maison de mon voisin, et à celle d'après. Pour moi qui habite dans un petit village de campagne profonde, pour le prix de cette Lotus Evija, on pourrait peut-être acheter toutes les maisons de ma rue ! Je ne pense pas qu'un seul de mes voisins en achètera une. Mais c'est un fait qu'à première vue, la voiture ne fait pas son prix. La carrosserie n'est pas plaquée or. Il n'y a pas de diamants incrustés dans le volant. Je suis à Monza, je viens de passer à côté d'une Ferrari SF-90, et il n'y a rien de visible pour justifier en quoi cette Lotus est quasiment 4 fois plus chère. Malgré la carrosserie en carbone, l'Evija cache bien son jeu.
Il y a pourtant 2 différences essentielles. La première est que cette Evija est électrique, la seconde est qu'elle est 2 fois plus puissante que la Ferrari SF-90, pourtant la plus puissante des Ferrari.
2000 ch (1500 kW), et 1704 Nm de couple pour une accélération de 0 à 300 km/h en 9,1 secondes !!! Cette Lotus ne possède pas un, ni deux, ni trois, mais 4 moteurs électriques. Je vois surtout qu'il lui serait impossible d'avoir un moteur essence.
Comme sur une voiture à moteur central, il y a d'énormes prises d'air sur les flancs, sauf qu'ici, elles ne servent pas au refroissement, mais à canaliser des flux d'air pour générer de l'appui aérodynamique. Les sorties à l'arrière sont énormes, et il n'y aurait pas assez de place au milieu pour loger un moteur essence (sinon un minable 4 cylindres). Il y a là néanmoins un petit panneau transparent en polycarbonate, mais quand je me penche pour voir ce qu'il y a en dessous, j'ai la surprise de découvrir des éléments de suspension. La propulsion électrique ouvre vraiment de nouvelles possibilités, même si... L'électrique n'est pas si formidable pour tout. Je suis heureux d'apprendre que l'assistance de freinage, comme de direction, ne sont pas électriques, mais hydrauliques. Depuis le temps qu'on dit que les assistances de direction électriques ne donnent pas un bon ressenti (même si elles ont bien progressé)...
L'intérieur est confortable, encore que je ne le qualifierai pas de luxueux. Il est fonctionnel et efficace, sans gadget inutile, et donc sans écran géant pour perdre son temps à regarder des vidéos sur Tiktok. Le grand essuie-glace central n'est pas gênant (première ou dernière photo). La bonne surprise est qu'il est spacieux pour la catégorie. Rien à voir avec les Lotus Elise & Exige, qui sont une horreur si vous faites 1,90 m et que vous n'avez plus 20 ans.
Cette Lotus Evija me semble même remarquablement civilisée. Sa garde au sol est presque normale, et s'installer à bord ne présente pas de difficulté particulière. Rien à voir avec une Aston Martin Valkyrie, dont j'ai aussi vu un exemplaire à Monza, et qui est une pure pistarde, dont on se demande comment ils ont pu la faire immatriculer pour la route.
L'auto était dans une livrée John Player Special, ce qui m'a rappelé une Lotus Europa JPS qui j'avais vu à une rencontre d'anciennes, il y a quelques années. Avec même un petite couronne de lauriers sur l'aileron arrière, pour rappeler que Lotus avait gagné le championnat F1 en 1972. Mais qui s'en souvient ? L'époque où les F1 était sponsorisée par les cigarettiers semble si lointaine... Je remarque ensuite que l'auto est badgée Lotus Nyo, parce que cet exemplaire est vendu à un client chinois, et que la marque Lotus appartient à une autre société en Chine. La petite marque anglaise ne peut donc y vendre ses autos sous son nom habituel.
Plutôt que les accélérations, c'est pas sa tenue de route, que la Lotus Evija entend montrer sa supériorité. L'homme de chez Lotus avec qui j'ai pu échanger, m'a dit qu'il était au Nurburgring quelques jours plus tôt. La voiture y a été très rapide, mais elle n'a pas établi le record attendu. Alors on se tait, et on retourne au boulot. Ils y retourneront.
La première livraison client sera probablement à Pebble Beach au mois d'août. Il y aura aussi une petite présentation à la presse, mais la liste des journalistes accrédités pour conduire cette Evija se compte sur les doigts (et je n'y suis pas). 130 exemplaires de la Lotus Evija seront produits, pas un de plus. Il en reste une poignée qui n'a pas encore été réservée. Peut-être pour des monégasques...Rubrique(s) et mot(s)-clé : Lotus ; hautes-performances ; voiture-electrique