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La France se soumet aux pétroliers

Lun 28/11/2005   —   Le gouvernement a organisé une table ronde sur les biocarburants la semaine passée, les pétroliers y ont obtenu tout ce qu'ils souhaitaient.
DerrickL'usage des biocarburants étant interdit en France, on attendait beaucoup de cette table ronde, qui réunissait à une même table le ministre délégué à l'Industrie, François Loos, et Dominique Bussereau, le ministre de l'Agriculture et de la Pêche, avec de multiples représentants des filières pétrolières et agricoles. Mais après une longue journée de travaux, et de négociations diverses, le résultat est que l'usage des biocarburants va rester interdit dans le pays. Ceux qui voient là une certaine ressemblance avec le débat sur le nucléaire, où la décision de poursuivre le programme est prise avant que ne commence le débat, n'ont probablement pas tort... Le plan est alors de limiter les biocarburants à une seule fonction d'additif aux carburants pétroliers. Deux additifs sont ainsi prévus pour le carburant essence, c'est l'ETBE (Ethyl tertio butyl éther, il est déjà un additif employé à très petite dose) et aussi l'éthanol (un additif couramment utilisé aux Etats-Unis, mais dont on n'a pas la pratique en France). Pour le gazole, l'additif retenu en premier sera l'ester méthylique d'huile végétale, mais on prévoit aussi quelque chose d'assez novateur : de développer la recherche pour permettre d'additiver le gazole avec de l'éthanol. On voit bien là l'intérêt des pétroliers.

Les français consommant en effet de plus en plus de gazole (la proportion de voitures diesels est en augmentation constante), et les pétroliers ont du mal à répondre à cette demande croissante. Ils sont donc prêts à accepter tous les additifs possibles au gazole, et particulièrement l'éthanol, puisque sa production est assurée par des entreprises avec qui ils sont déjà en relation (alors que les esters d'huiles végétales sont produits par des paysans plus autonomes). Les pétroliers envisagent même de porter la proportion des biocarburants dans les carburants fossiles à plus de 5 % en volume, ce qui contredirait un texte de droit européen. Les pétroliers ont alors obtenu du gouvernement français qu'il demande officiellement la révision de ce règlement ! Et c'est là qu'on voit l'empressement du gouvernement à satisfaire les pétroliers. Car si l'objectif européen pour 2010 est justement que les biocarburants représentent plus de 5 % en volume de tous les carburants consommés, il n'est pas question pour autant d'accroître la part des additifs. L'objectif européen initial était de proposer des biocarburants (à 100 %) aux consommateurs européens, afin de leur offrir un choix : carburant pétrolier/carburant végétal.

Nous espérons alors que les hauts fonctionnaires de Bruxelles ne se laisseront pas attraper par cette entourloupe française. Car même si les hypermarchés assurent une part conséquente de la distribution des carburants en France, ils se fournissent auprès des pétroliers. Pour aboutir à ce que le commerce des carburants, un marché énorme de plusieurs dizaines de milliards, soit en fait contrôlé par un tout petit nombre de personnes. L'arrivée des biocarburants permettrait de briser le monopole de ce petit groupe, en leur imposant des concurrents agricoles, mais le gouvernement vient malheureusement de s'en révéler incapable. Alors certes, d'un point de vue purement écologique, il n'y a pas de différence à ce que les carburants pétroliers et végétaux soient consommés de manière distincte ou séparée. Mais sur le plan des principes, il y a beaucoup de raisons de donner aux automobilistes la liberté de choisir carburant et fournisseur.

Encore plus détestable, la manière qu'à le gouvernement de traiter les valeureux agriculteurs qui produisent de l'huile végétale pure pour leurs tracteurs. Un carburant qu'ils n'ont pas le droit de vendre, mais qu'ils peuvent utiliser sur leur exploitation. Ces agriculteurs récupèrent de cette production un tourteau, c'est le résidu avec lequel on ne peut faire de l'huile, qu'ils donnent comme nourriture à leur bétail. Le communiqué officiel du gouvernement se permet de s'interroger sur les risques sanitaires que présenterait cette alimentation animale... Dans un pays où les plus hauts fonctionnaires du ministère de l'Agriculture, avaient largement cautionné l'emploi de farines animales directement responsables de la trop fameuse maladie de la vache folle, il est assez choquant d'entendre une critique sur une nourriture produite par le paysan lui-même, sur sa propre exploitation.


Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; biocarburant ; politique-transport_France