Paris : aucun constructeur ne peut et ne veut remplacer Autolib
Jeu 05/07/2018 — Fin du rêve.

Des voitures pour tous, en grand nombre, dans tous les quartiers, accessible à bas prix. C'était peut-être un idéal, mais il s'est fracassé ces derniers jours avec le divorce entre le groupe Bolloré et la mairie de Paris au sujet d'Autolib. Il y avait plusieurs points de désaccord, mais ils reposent tous sur un fait unique : l'absence de rentabilité du service. La chose a été constatée sur plusieurs années, et c'est dire que même si Autolib aurait continué, une restructuration massive était inévitable. Si on compare avec Lyon, où le groupe Bolloré gère le système d'autpartage Bluely avec bien plus de succès, le rapport entre nombre de voitures et de stations et la population, est très inférieur à celui de Paris. Autolib était assurément mal dimensionné. Il y a aussi ce problème de société, ou peut-être n'est-ce qu'un problème de police, qui est que dans certains quartiers de la capitale,
les voitures d'Autolib servaient de domicile à des marginaux.
La ville de Paris voudrait faire croire que les constructeurs auto se bousculent pour remplacer Bolloré, mais si on leur demande s'ils voudraient investir dans un programme déficitaire où leurs autos seront squattées par des toxicomanes, personne ne lèvera le doigt. On peut donc affirmer qu'Autolib est définitivement enterré, et que ce qui le remplacera sera très différent. Il faut aussi ajouter que se lancer dans cet aventure implique une association avec Mme Anne Hidalgo, et qu'après des années de politique ouvertement autophobe, dans la suite de l'ancien maire dont elle était la première adjointe, Mme Hidalgo a peu d'amis dans l'industrie.
A la fin de son mandat, Bertrand Delanoé, l'ancien maire de Paris, était fier
d'annoncer :
« Depuis 2001, le nombre de places de stationnement pour voiture a été réduit d'un tiers, passant de 235.000 en 2001 à 149.385 en 2011 ». La raréfaction des places de stationnement s'est poursuivie avec Mme Hidalgo, et aujourd'hui, cette politique va se retourner contre elle. La mairie de Paris souhaite en effet un système d'autopartage en
free-floating. C'est à dire que les voitures ne seront pas dans des stations fixes, mais partout où le stationnement est autorisé. On les trouve avec son smartphone parce qu'elles sont connectées et géo-localisées, et on les laisse après usage n'importe où de même. Cela fonctionne très bien à Berlin avec Car2go et DriveNow (illustration du haut, une Mini de DriveNow à Berlin), mais le succès du système repose sur un vaste nombre de places de stationnement disponibles. Cela existe à Berlin (illustration du bas, une Maybach en plein centre de Berlin, avec des places vides à côté, c'était en semaine, en milieu d'après-midi), pas à Paris. A t-on déjà oublié que l'un des grands atouts d'Autolib était dans la certitude de pouvoir se garer ? Quand l'autopartage se paie à la minute, personne ne voudra tourner longtemps pour se garer...

Les constructeurs nationaux souhaitent néanmoins se positionner, et PSA a annoncé qu'il lancerait son service avant la fin de l'année, avec l'objectif d'avoir à terme une flotte de 500 voitures (Citroën C-Zero et Peugeot Ion) en free-floating. Renault va le doubler en démarrant dès septembre (avec des Zoé, des Twizy et des Kangoo ZE), mais la montée en puissance du service sera très lente, puisque Renault ne prévoit pas d'avoir la moitié du nombre actuel de Bluecar, avant la fin 2019... Aucun tarif, ni condition d'accès au service n'a encore été annoncé. Les habitants de la capitale noteront aussi qu'il n'y a encore eu aucun débat au Conseil de Paris, que les salariés d'Autolib s'interrogent sur leur avenir, et qu'on ignore toujours le montant du dédommagement que devra payer la ville, pour résiliation anticipée du contrat avec Bolloré. La seule certitude est une mauvaise nouvelle : les bornes de recharge d'Autolib ne marcheront plus le mois prochain.
Laurent J. Masson
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