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Biocarburant : la France doit sauver sa filière

Lun 07/02/2022   —   Superéthanol E85 et biodiesel, des sujets pour la présidentielle.
Saab Biopower 100La France est le premier producteur européen de biodiesel, et le second producteur européen d'éthanol. La filière française des biocarburants représente 13 500 emplois dans les exploitations agricoles, et leur transformation en carburants automobile compte 18 600 emplois au sein des agro-industries. Alors que la vente de superéthanol E85 est en forte hausse (+ 33 % en 2021), on voudrait croire que tout va bien pour les biocarburants en France, ce n'est pas le cas. La filière française des biocarburants avait été créé il y a 20/30 ans, pour compenser le gel des terres imposé par la politique agricole commune de l'Europe (réforme de 1992), réduire les importations de carburants fossiles, et d'une manière générale, créer des richesses et sécuriser des emplois en France. Malheureusement, on s'éloigne de ces objectifs.

La France n'a absolument pas profité du succès du superéthanol E85. Et du biodiesel non plus. Si on fait le total pour tous les biocarburants, soit le biodiesel incorporé à hauteur de 7 % dans le gazole, l'éthanol incorporé jusqu'à 10 % dans l'essence sans plomb, et le superéthanol E85, moins de la moitié des plantes qui forment la matière première, ont été cultivées en France, et moins de la moitié des opérations de transformation en carburant automobile, ont été réalisées en France. Tels sont les faits en 2022, dûment constatés par la cour des comptes dans un rapport, le mois dernier.

A côté de cela, le bilan environnemental des biocarburants vendus en France n'est pas aussi vert qu'il pourrait l'être, puisqu'on en est toujours aux technologies de la première génération. C'est à dire que la production des biocarburants s'effectue essentiellement avec des ressources qui pourraient aussi servir à l'alimentation (mais sans que cela porte préjudice à quiconque en Europe). De multiples expérimentations ont pourtant prouvé la validité des technologies de seconde génération, qui n'utilisent pas de ressources alimentaires, on a tout le savoir en France, mais on attend le passage à l'échelle industrielle... On attend en fait que quelqu'un prenne des décisions.

La même chose se constate avec le nucléaire. Les centrales tombent de plus en plus en panne (et on voudrait que toutes les voitures soient électriques ?), ce qui est logique, puisque 11 ont déjà plus de 40 ans, tandis que le renouveau, l'EPR de Flamanville qui était attendu en 2012 (!) démarrera peut-être l'année prochaine, si tout va bien. La France a laissé pourrir sa filière nucléaire, et elle laisse aujourd'hui pourrir sa filière biocarburant. Aucune décision pour sécuriser l'avenir énergétique de la France n'a été prise ces 10 dernières années ! Ce sont les faits, il est opportun de les rappeler à l'aube d'une élection qui s'annonce peut-être comme celle de la dernière chance. On ne voudrait pas que la filière française des biocarburants finisse comme Saab, la marque suédoise disparue (illustration, un modèle modifié pour rouler au 100 % éthanol).

On rappellera enfin que les biocarburants peuvent réduire la dépendance et la facture énergétique de la France, qu'ils peuvent créer richesses et emplois, qu'ils sont utilisables pour le transport routier et aérien, et même le chauffage, et qu'ils peuvent être écologiquement très vertueux.


Laurent J. Masson



Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; biocarburant