Renault Eolab hybride rechargeable, de bonnes idées

On critique les concept-cars parce qu'ils ne sont pas assez réalistes, et on critique les prototypes pour leur manque de style. Renault a alors eu une idée fantastique, faire les deux à partir d'une base unique. L'idée est fabuleuse, et la réalisation est superbe. Cette Renault Eolab existe sous la forme d'un concept-car, que l'on verra au salon de Paris, mais il y a aussi un prototype roulant, pour prouver que la technologie présentée est bien réelle. Avec 3 portes, et une tablette mobile au centre de la planche de bord. Nos illustrations montrent le concept en studio, et le prototype sur la route.
La Renault Eolab est une compacte, de la taille d'une Clio, et c'est une hybride rechargeable. Et rien que cela constitue une excellente nouvelle. Parce que si Renault est un champion de la voiture électrique avec sa Zoé et son Kangoo, on l'attend toujours côté hybride... L'Eolab prouve brillament que les ingénieurs y travaillent. Le moteur essence est un 3 cylindres de 999 cm3 qui donne une puissance de 75 ch avec 95 Nm de couple. Renault a ensuite innové de manière intelligente, en modérant les coûts en l'accouplant à une boite de vitesses à 3 rapports, sans embrayage. C'est un moteur électrique de 50 kW (200 Nm de couple) qui est à la place de l'embrayage, et si on peut s'interroger sur la douceur de fonctionnement de cette architecture, il est certain que cela coûte beaucoup moins cher que l'Hybrid Synergy Drive des Toyota.
Chose plus critiquable par contre, toujours pour modérer les coûts et le poids, la batterie ne stocke que 6,7 kWh. Soit un tiers de la capacité d'une Zoé, c'est peu. Mais l'Eolab a bien d'autres arguments à faire valoir, à commencer par une masse très bien maitrisée. L'Eolab fait 20 kg de moins qu'une Peugeot 208 3 cylindres. Considérant le nombre important de pièces en plus puisqu'il s'agit d'une hybride rechargeable, c'est une jolie performance. Obtenue de surcroît sans recourir à des matériaux chers ou exceptionnels. Ni titane, ni fibre de carbone ici.
On notera le choix d'aciers à très très haute limite élastique (TTHLE), le toit en magnésium (il ne fait que 4 kg !), et une première mondiale franchement étonnante, le résonateur dans la ligne d'échappement est en matière plastique ! C'est une innovation Faurecia, et cela a impliqué une bifurcation des gaz pour en réduire la température, mais le résultat est là : une masse réduite de moitié. Le plancher de même est en composite thermoplastique (des polymères avec fibres de verres). C'est moins lourd que l'acier, et on croit volontiers Renault qui dit que c'est plus facilement recyclable, mais il reste à démontrer que c'est aussi durable.
La Renault Eolab innove aussi avec une aérodynamique active. On connaissait les petits volets derrière la calandre, pour donner, s'il y a besoin seulement, de l'air au radiateur, il y a ici la même chose sur les jantes, et derrière les roues arrières. Avec une suspension à air qui abaisse l'auto quand elle prend de la vitesse, le SCx parait ridicule à 0,470 m² (S=2,00 m² et Cx=0,235). Autre première, des plaquettes de freins qui ne lèchent plus les disques en permanence, comme sur toutes les voitures. C'est une innovation Continental, pour réduire les frottements. Mais on est surpris ensuite de trouver des tambours à l'arrière. C'est certes léger et peu onéreux, mais nous étions convaincus que les freins à tambour appartenaient au passé...
Au final, Renault est très fier d'annoncer que son auto Eolab ne consomme qu'un litre aux 100 km. Et c'est vrai, mais c'est dans le même test qui dit que l'Opel Ampera ne consomme que 1,2 l/100 km. On l'a déjà dit bien des fois, la méthodologie européenne pour mesurer la consommation des hybrides rechargeables ne vaut pas grand chose. On s'interroge donc sur le potentiel réel de l'Eolab, mais Renault donne une autre indication. L'autonomie sur batterie serait de 60 km. Avec la batterie de 6,7 kWh, cela signifie une consommation de 100 Wh au km, et cela, c'est bien plus exceptionnel que le chiffre de 1 l/100 km. La prochaine génération de la Clio ne manquera pas de tirer profit des enseignements de l'Eolab, et on devrait voir ce groupe propulseur hybride rechargeable sur une Renault de série avant 2020.



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