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Des Renault électriques en Israël

Mar 22/01/2008   —   Carlos Ghosn, PDG de Renault et Nissan, l'avait dit plusieurs fois, son groupe croit en la voiture zéro pollution. Il y aura dans le futur des Nissan électriques au Japon, et des Renault électriques... En Israël. INFOS EXCLUSIVES.
En Israël ? Ce petit pays fait souvent l'actualité, mais c'est rarement pour des questions d'écologie. On attend des voitures électriques à Paris, Londres et Tokyo, mais à Tel Aviv ? Nous ne savons si les embouteillages, ou la pollution de la capitale israélienne égalent ceux des capitales européennes, mais nous savons que le marché automobile israélien n'est pas primordial pour les constructeurs. Et que si Renault se lance sur ce marché, c'est qu'on est allé le chercher. C'est ce qu'a fait Shai Agassi. Entrepreneur ancien numéro 2 de SAP, l'éditeur de logiciels, M.Agassi (qui n'a pas de parenté avec l'ancien champion de tennis), est le fondateur de Project Better Place, une société de capital risque dont le but est de réduire notre dépendance au pétrole, par la mise en place des infrastructures nécessaires à un déploiement à grande échelle des véhicules électriques. Il avait d'abord exposé son projet au premier ministre israélien, qui lui avait dit qu'il y croirait lorsqu'un constructeur y croirait. M.Agassi a alors lancé un appel d'offres, de manière confidentielle, et Renault nous a dit avoir été le seul à y répondre. Une rencontre Carlos Ghosn, Shai Agassi scelle l'accord, avec la bénédiction du gouvernement israélien qui fixe un taux de TVA réduit pour les voitures électriques.

Très rapidement, les ingénieurs Renault se mettent au travail, et ils réalisent un premier prototype sur la base d'une berline Megane 2. La version 1600 essence de cette auto sert en effet de benchmark, la voiture électrique en développement doit avoir des accélérations similaires (mais une vitesse de pointe limitée à 110 km/h), et nous soulignons qu'il s'agit d'un projet franco-français. La joint-venture Dassault/Heuliez a développé la Cleanova sur base Kangoo, et Nissan travaille à des voitures électriques de son côté, mais ce sont d'autres projets. Pour l'heure, le seul point commun entre les futures Renault et Nissan électriques seraient dans les batteries, qui seraient japonaises, produites par un partenariat entre Nissan et NEC. Cette future Renault électrique sera fabriquée en Europe sur une base Renault existante (Megane 3 ou Kangoo 2), c'est-à-dire qu'il s'agira d'une essence convertie à la traction électrique. Et cela constitue une grosse déception pour beaucoup, qui auraient préféré une plateforme dédiée à la motorisation électrique. Mais il y en a une plus grande, qui est que ces Renault électriques seront exportées en Israël dans 3 ans et demi, à compter de la mi 2011, mais pas nécessairement vendues en France. Ou alors dans un second temps.

Illustrations, ci-dessus de gauche à droite : Shai Agassi, Ehoud Olmert, premier ministre d'Israël, et Carlos Ghosn. Ci-dessous, Shimon Peres, président de l'état d'Israël, Carlos Ghosn et Shai Agassi.

Parce qu'il n'y a pas que le taux de TVA réduit, le bonus de 5000 euros aurait le même effet dans l'hexagone, il y a l'ambition de Shai Agassi d'installer 500 000 bornes de recharge dans le pays hébreu. C'est ce qu'il dit très officiellement, mais officieusement, M.Agassi parle de 2 millions de bornes de recharge en Israël ! Bien sûr, ce ne seraient pas des bornes de recharge rapide, ce seraient de simples prises de courant (recharge complète en 8/10 heures), mais dans un petit pays comme Israël, c'est énorme. Il se pose cependant la question du financement, mais M.Agassi a réuni 200 millions de dollars pour débuter son projet, et de la facturation. C'est un système informatique qui gérerait cela, couplé avec la location de la batterie. Le client achète la voiture comptant, mais souscrit un abonnement pour la location des batteries avec les recharges inclues sur les bornes publiques, toutes confiées au monopole (!) de la compagnie de M.Agassi. Les hommes qui sont déçus quand ils prêtent leur auto à leur femme, et qu'elle la leur rend réservoir vide seront contents. Désormais, leur femme pourra faire le plein, recharger sans débourser un seul centime. C'est l'homme, titulaire de la carte grise, qui recevra la facture à la fin du mois, avec le nombre de kWh de chaque recharge.

Fallait y penser, mais faut surtout le faire. Israël donne un exemple original.

Laurent J. Masson



Rubrique(s) et mot(s)-clé : Renault ; voiture-electrique ; commerce-distribution