Découverte : BYD Yangwang U9
Dim 15/09/2024 — La supercar électrique chinoise.
On a longtemps regardé les voitures chinoises comme des produits de qualité médiocre, avec des performances routières dépassées et les vis qui rouillent dès la sortie d'usine. Il n'est pas loin le temps où c'était comme cela. Mais la voiture que j'ai devant moi n'est pas du tout comme cela. Elle est fabriquée par BYD, mais commercialisée sous le nom de sa marque de luxe, Yangwang, et le modèle s'appelle U9. Je suppose que ce nom sonne bien en chinois ? C'est une supercar électrique.1300 ch ! 1680 Nm de couple ! 309 km/h en vitesse de pointe ! 2,36 secondes pour passer de 0 à 100 km/h ! Ces chiffres mettent l'auto au niveau des meilleures Ferrari ou Lamborghini, mais l'auto devant moi, j'ai de suite la sensation qu'elle n'est pas italienne. Le design est moins sensuel. Plus froid, très proche d'une Mclaren en fait, mais il y a pire comme comparaison.
Il n'y a pas de poignée de porte. Pas plus à l'extérieur qu'à l'intérieur. On déverrouille avec le bip, on fait toc-toc sur la portière, et elle se lève électriquement. Une fois à bord, j'appuie sur le petit bouton au plafond, et elle se referme. Je suis frappé par l'espace. Faisant 1,90 m, je ne me suis jamais senti à mon aise dans une supercar italienne, j'y suis trop à l'étroit, mais dans cette Yangwang U9, j'ai toute la place que je veux pour mes genoux et ma tête. Je pourrais grossir de 20 kg (je ne le veux pas), il n'y aurait pas de problème. Mais je suis forcé de trouver cet intérieur assez... fade. Pour avoir connu les anciennes Ferrari avec le levier de vitesses sortant d'une grille métallique, pour avoir frissonné dans une Lamborghini dont le bouton de mise en route est sous un clapet rouge, comme si on allait lancer un missile nucléaire, je cherche en vain dans cet habitacle une petite chose qui me dise que je suis dans une voiture exceptionnelle, mais il n'y a rien.
Ce sentiment de vide est exacerbé par l'instrumentation, 2 écrans de la taille d'une petite tablette, et parce que le contact n'est pas mis. Ils sont noirs, et il n'y a pas grand chose de plus triste qu'un écran noir. Mais même s'ils étaient allumés, ils seraient insuffisants pour égayer l'intérieur. Je pense à une Audi RS qui avait des surpiqüres rouges sur le cuir de la planche de bord, à la planche de bord peinte d'une Facel Vega, à la planche de bord en aluminium bouchonné d'une ancienne... Je suis dans une voiture extraordinaire, et je voudrais que l'intérieur de la voiture me le dise.
Cette Yangwang U9 est capable de tourner sur elle même, et avec une suspension pilotée par électronique, qui vérifie la traction et le rebond plus de 1000 fois dans le temps que vous lisez cette phrase, la voiture peut aussi d'une certaine manière danser sur elle-même. La suspension avant gauche se comprime, puis se détend, les 3 autres suspensions font de même, mais avec un léger décalage. Avec un logiciel qui synchronise l'ensemble, on a l'impression que l'auto danse. Mais l'auto dans laquelle je suis ne peut faire cela. Elle a cependant l'aileron arrière, énorme et disgracieux au possible, c'est heureusement une option.
La Yangwang U9 est commercialisée en Chine pour environ 250 000 $, elle ne sera pas exportée cette année, et l'année prochaine non plus. Parce que l'auto est produite en petite série, et que le marché chinois absorbe toute la production. BYD pourrait en vendre 4000 en Chine l'année prochaine (à confirmer, mais ce serait remarquable), il y a donc plus de chinois qui préfèrent acheter cette BYD qu'une Ferrari (il est vrai bien plus chère en Chine). Mais je pense que si un constructeur faisait une voiture de ce calibre, je serais heureux d'acheter la voiture française plutôt que l'italienne. Dommage qu'aucun constructeur français ne sache faire une voiture aussi formidable. Mais au fait, alors que la France est le pays qui ait inventé l'automobile avec la Lenoir en 1860, comment se fait-il que ce soit un constructeur chinois avec à peine 20 ans d'expérience qui fasse une voiture pareille, et pas un constructeur français ?
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : BYD ; hautes-performances