L'alternative GNV, Gaz Naturel Véhicule, en France en 2020 - Le pour et le contre
Ils sont déjà nombreux ceux qui appellent à l'arrêt pur et simple de la vente de voitures à moteur à combustion. Pour 2040 ? Plus tôt ? Ils appellent au tout électrique, mais cela suscite de nombreuses réserves. La première étant que les infrastructures de recharge sont encore très en deçà des besoins, et la seconde est qu'on ne sait pas de quoi demain sera fait. Et si demain, dans une période sans vent pour faire tourner les éoliennes, on viendrait à manquer d'eau pour faire fonctionner le système de refroidissement des centrales nucléaires, qu'il faille en arrêter plusieurs ? Ce n'est pas de la science fiction, c'est déjà arrivé.
Par pragmatisme et par prudence, on préferera une politique pluri-énergie. Avec le gaz en première ligne, puisque par rapport aux carburants pétroliers, il a l'avantage de rejeter moins de gaz à effet de serre, et d'avoir une combustion plus propre, ce qui simplifie la dépollution à l'échappement. On ne manquera pas enfin, d'évoquer le Bio-GNV, biogaz ou biométhane, qui est un gaz équivalent au gaz fossile, mais fabriqué de manière renouvelable, par exemple par méthanisation agricole. Le gaz naturel pour véhicule (GNV) a toute sa place dans la mobilité de demain, et cela commence aujourd'hui. Dans cet article, réalisé à l'occasion de l'essai d'une voiture au GNV, nous présenterons les facilités, et difficultés, pour un automobiliste français qui choisit de rouler au gaz.
Un nombre limité de stations
Dans nos articles sur les électriques, nous indiquons la nécessité d'avoir son propre garage, mais pour l'automobiliste qui veut rouler au GNV, la nécessité est d'habiter à proximité d'une station qui distribue ce carburant. Il y en a déjà plusieurs douzaines, et l'objectif est qu'il y en ait 250 d'ici la fin de l'année. L'automobiliste intéressé consultera la
carte sur le site officiel de la filière : l'Association Française du Gaz Naturel Véhicules (AFGNV). Nous sommes heureux de pouvoir témoigner d'avoir vu une station en cours de construction. Le réseau se renforce, et pour les frontaliers, il faut signaler qu'en Allemagne, en Suisse ou en Italie, le réseau de distribution de GNV est bien plus dense qu'en France. Il y a donc des opportunités, et il y en aura de plus en plus.
Des stations pas trop bien placées
Il a fallu essayer pour le découvrir, car il y a là un vrai souci. Près de Paris, une grande station est sur la zone portuaire de Gennevilliers. Ce n'est pas un endroit très gai. Il y a 2 stations à Rouen, mais elles sont dans la zone industrielle de Sotteville. Dans les Yvelines, il y a une station, mais elle est en pleine campagne, à l'ouest de Plaisir... On sait bien sûr que le terrain est cher dans les zones de grande circulation, mais il y a là un effort à faire. La majorité des stations que nous avons sont dans des endroits où une ménagère de 18/45 ans ne va jamais. Il ne faut pas s'étonner si une écrasante majorité des gens que nous avons vu ravitailler étaient des professionnels, avec des véhicules utilitaires. Pour donner de la visibilité à ce carburant, les acteurs de l'énergie qui le vendent doivent trouver des zones plus passantes.
Une fiabilité inférieure à celle des stations de carburants pétroliers
Cela marche ! En passant du temps, sur les stations, on peut croiser des utilitaires de sociétés de messagerie, des bennes à ordures, divers camions, donc des professionnels qui roulent tous les jours au GNV. Et c'est la meilleure preuve que le réseau de distribution est fonctionnel : on peut travailler avec. Toutefois, nous aurons vu une station où il n'y avait qu'une seule pompe qui marchait, et une autre où, s'il y avait 4 pompes, on ne pouvait pas se servir de plus de 2 simultanément. Cela nous aura rappelé les bornes de recharge électrique tri-standard (2 câbles en courant continu et un câble en courant alternatif), où on ne peut pas recharger en même temps 2 voitures en courant continu... Les stations de GNV ne sont pourtant pas compliquées. Le gaz naturel, c'est le gaz de ville, et c'est sur ce réseau national que la station s'alimente, pas besoin de camion pour livrer le carburant, mais ensuite des compresseurs, pour comprimer le gaz (le GNV est d'ailleurs aussi appelé GNC, pour Gaz Naturel Comprimé, quelques véhicules lourds emploient aussi le GNL, Gaz Naturel Liquéfié, mais ils sont rares), avant de le stocker dans des bonbonnes à haute pression (illustration ci-dessous), d'où il sera ensuite distribué vers les véhicules.
Des moyens de paiement restreints
A Sotteville-lès-Rouen, la station GN Drive annonce clairement la couleur. Il y est affiché qu'on ne peut pas payer en espèces, ni par chèque, ni par carte de crédit. C'est la même folie que pour la plupart des bornes de recharge électrique, il faut s'être équipé au préalable d'une carte de paiement émise par le propriétaire de la station. On trouve en France les réseaux de stations GNV, de GN vert, de GN Drive, d'Endesa et bien sûr aussi (et heureusement !) de Total, les stations Total, qui vendent aussi des carburants pétroliers, et dans lesquelles on peut payer avec tous les moyens de paiement habituels.
Un carburant qui fait faire de sérieuses économies
En nous rendant dans 4 stations, nous avons relevé des tarifs de 1,14 à 1,26 € le kg de GNV. C'est donc significativement moins cher que le SP95-E10, dont les prix (pour la même semaine) s'échelonnent de 1,46 à 1,66 €, ou que le gazole, qui se vend de 1,40 à 1,61 €. Le premier avantage est donc que le plein est moins cher, et le second est qu'on consomme moins. Il y a en effet plus d'énergie dans un kilo de gaz que dans un litre d'essence. Lors de notre essai d'une voiture gaz/essence, nous avons ainsi relevé une consommation moyenne de 4,3 kg/100 km, et de 5,8 l/100 km. Autrement dit, en roulant au GNV, on consomme 25 % de moins, d'un carburant qui est 23 % moins cher !
Liberté de circulation
A Paris, et dans un nombre croissant de villes, les vignettes Crit'Air imposent des restrictions de circulation, mais les automobilistes qui ont fait le choix du gaz n'ont pas à les craindre. D'une manière qu'on peut qualifier de désinvolte, le législateur accorde le rang Crit'Air 1 à toutes les voitures fonctionnant au GNV. Il n'est pas certain que ce soit mérité pour une vieille occasion qui serait converti au GNV, mais c'est pleinement mérité pour les derniers modèles.
Un carburant plus respectueux de l'environnement
Il faut tabler sur une réduction des émissions de CO2 à l'échappement de 20 %, et potentiellement jusqu'à 85/90 % si le GNV est d'origine renouvelable. La combustion étant aussi plus propre, il y a moins de rejets toxiques, mais sur les derniers modèles Euro-6d, l'écart entre essence et GNV s'est considérablement réduit.
Une fiabilité accrue
On verra en effet l'avantage de la combustion plus propre en terme de fiabilité. Un problème comme une vanne EGR encrassée par exemple, n'existe pas, sur une voiture qui fonctionne au GNV.
Un usage sans changer ses habitudes
On ne soulignera ce point que si compare le GNV à l'électrique. Temps de recharge très longs, autonomie réduite, nécessité d'avoir une place de parking pour recharger la nuit à son domicile, l'electrique est comme cela, alors que rouler au GNV est totalement équivalent à rouler à l'essence. On fait son plein en station en quelques minutes, et hormis le pistolet un peu plus gros, avec le besoin de le positionner parfaitement pour établir un lien hermétique sous pression, tout est pareil à un plein d'essence.
Conclusion
Rouler au GNV n'est clairement pas pour tous les automobilistes, mais c'est simplement parce que tout le monde n'a pas la chance d'habiter à côté d'une station qui distribue ce carburant. Pour ceux qui peuvent, par exemple les habitants de la banlieue parisienne ouest, puisqu'il y a une station de GNV qui accepte le paiement par carte de crédit à Nanterre, au 1 rue Kléber (angle boulevard du Général Leclerc), les avantages sont trop importants pour être ignorés. Le GNV peut et doit absolument nourrir un grand nombre de véhicules, il a un rôle à jouer aujourd'hui, et il en aura encore un dans 20 ans. Le nombre de stations augmentera avec le volume de gaz vendu, et Total, le grand leader national de la distribution de carburant, ouvre des stations qui vendent du GNV (illustration ci-dessus, une station Total en travaux qui va vendre du GNC). Les automobilistes peuvent donc s'engager.
Laurent J. Masson
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