Ionity, réseau européen de bornes de recharge rapides 350 kW
Beaucoup disent que c'est le point faible de la mobilité électrique : la lenteur des infrastructures de recharge. Ils n'ont pas tort. Quand on a été habitué pendant des années, à obtenir 7/800 km, voire 1000 km d'autonomie, en 3 minutes, on ne peut pas voir comme un progrès, une voiture électrique qui va demander de rester branchée une pleine demie-heure pour gagner, 100/150 km d'autonomie... Mais cela, c'est le passé, puisqu'aujourd'hui, il y a
Ionity.
Ionity est un réseau de bornes de recharge très rapides, jusqu'à 350 kW. C'est mieux que Tesla, dont les superchargeurs sont limités à 135 kW (encore qu'augmentés à 200 kW l'année prochaine), et cela permettra, dans le meilleur des cas, pour les voitures qui accepteront un courant aussi fort, de récupérer jusqu'à 300 km d'autonomie en 15 minutes. Faire 1000 km d'autoroute, à vitesse autoroutière, dans la journée est donc faisable. Ce sera d'autant plus facile que les stations Ionity sont implantés sur les aires de repos des autoroutes, et qu'il y en aura partout en Europe centrale et de l'Ouest, de l'Espagne à la Norvège, et de la France à la Hongrie. Cela promet, il fallait aller voir. De Paris, nous allons à Chartres, car il y a une station sur l'A11 juste 2 km avant Chartres, à la station Shell de l'aire de repos de Gasville-Oisème (illustrations : photos avec le ciel bleu).
Dès le premier regard, on voit que les choses n'ont pas été faites à moitié. Il y a 4 bornes, un ensemble de grosses armoires métalliques et un batiment bétonné derrière, protégés par une grille. On appréciera aussi à sa juste valeur l'aménagement de la voierie. Les places sont à l'écart, bien délimitées, et on ne devrait jamais y voir de voiture essence garée là par erreur.
107 stations Ionity existent déjà en Europe, et pour le vérifier, nous nous rendons en Belgique, à Froyennes, à la station Q8 sur l'autoroute entre Villeneuve d'Ascq et Tournai (illustrations : photos avec le ciel gris). C'est exactement la même borne, une unité fabriquée par ABB. Chaque borne possède un petit autocollant d'identification, nous y apprenons que cet appareil pèse 250 kg, et qu'il est fabriqué en Italie. Ce qui est satisfaisant. Alors que les
bornes des futures stations seront acquises à un fabricant australien. Une belle maladresse, parce que le réseau Ionity est co-financé par l'Union Européenne... L'acteur public n'a su exiger que les bornes soient au standard européen, et tant pis (ou bien fait ?) pour les constructeurs comme Renault ou Nissan qui ne l'utilisent pas... Ce sont cependant les constructeurs automobile qui sont les premiers, et plus importants financiers du réseau, BMW, Ford, Mercedes et le groupe Volkswagen.
Les bornes sont très simples d'apparence, sans aucun bouton. On y voit un lecteur de cartes RFID, et un grand écran tactile. Le lecteur de cartes ne saura reconnaitre que des cartes dédiées à la recharge, il ne sait ce qu'est une carte bancaire sans contact. Et c'est bien dommage... Quant à l'écran tactile, on s'étonne qu'il ne soit absolument pas protégé. Il y a déjà des écrans tactiles sur des pompes à essence, ou d'autres bornes, mais ils sont généralement de petite taille, et dans un renfoncement à l'intérieur de la borne. Là, l'écran est totalement exposé aux éléments, vent, pluie, neige ou grêle, et on s'interroge sur sa durabilité, même si ABB a une bonne réputation pour la fiabilité de ses matériels.
Nous remarquons une plaque avec un numéro de téléphone pour appeler en cas de problème, et bien sûr, même si le standard est assurément le même, il y a sur les bornes en France un numéro de téléphone français, et un numéro belge en Belgique. Le lecteur de cartes RFID indique le besoin d'une carte, mais renseignement pris, la station d'essence à côté n'en vend pas. Alors qu'à Chartres, on peut y acheter une carte 2 recharges pour la borne Izivia (ex-Sodetrel, réseau Corri-Door) qui est de l'autre côté de l'aire de repos... Il faut donc s'équiper au préalable, mais ce devrait être le cas de tous les futurs clients, puisque chez Audi par exemple, dont le SUV e-tron est prévu pour Ionity, l'automobiliste reçoit une carte d'accès au réseau (à laquelle il devra associer un moyen de paiement), en même temps qu'il prend possession de sa nouvelle voiture.
Une autre solution est l'application smartphone. On la télécharge, on l'installe, c'est en français, mais quand on veut lire les conditions de service, on lit
Allgemeine Nutzungsbedingungen... Parce qu'ils ont oublié de les traduire en français... Le formulaire de création de compte est ensuite plutôt long. Il faut aussi enregistrer un moyen de paiement, et ce n'est qu'après qu'on pourra prendre une photo du QR-code de la borne, pour pouvoir initialiser le processus de recharge. Est-ce une bonne méthode ? On pensera au risque de sabotage, parce qu'il suffirait qu'un enfant de 5 ans vienne avec un gros feutre faire une croix sur le QR-Code, et la borne sera inutilisable pour le paiement par smartphone.
Le prix de la recharge est très accessible, forfaitaisé à 8 € pour le lancement, mais on ne pourra que regretter que ce réseau Ionity ne soit pas plus facile d'accès pour ceux qui n'en feront qu'un usage très occasionnel. Pour une personne très agée qui n'a pas de smartphone, cela n'ira pas. Pour un pauvre interdit bancaire qui n'a qu'une carte de retrait auprès des distributeurs de sa banque, il faudra continuer à rouler avec un vieux diesel. Pour un paranoïaque anarchiste qui refuse qu'un calendrier de toutes ses sessions de recharge soient enregistrées dans une base de données on ne sait où, cela ira encore moins... On aurait apprécié que le co-financement du réseau par des fonds publics européens, aient imposé un choix de moyens de paiement qui permettre l'usage à vraiment tous les publics...
Il faut néanmoins se montrer optimiste, parce que le réseau Ionity est encore très jeune, que de nombreuses améliorations sont en cours ou prévues, à mesure qu'il se développera. Les 107 stations de ce début juin 2019 devraient être 400 fin 2020, et aux 2 stations que nous vues, Chartres et Froyennes, nous avons vu des plots pour installer de nouvelles bornes à mesure que les besoins, les voitures électriques en circulation, augmenteront. Voilà qui est réjouissant : avec Ionity, il est désormais possible et facile de voyager sur de longues distances avec une électrique, et il est déjà prévu que le nombre d'automobilistes qui le feront va augmenter.
Laurent J. Masson
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