Ford Explorer hybride rechargeable 457 ch - Essai détaillé - Un bon géant, vert, mais tout de même un géant
Ses points forts
Performances Confort de suspension Chauffage et clim puissants Look impressionnant 7 places Peut tracter 2,5 tonnes |
Ses points faibles
Mode électrique inutile ou Moteur électrique pas assez puissant Réservoir de seulement 68 litres
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Historique et présentation

Il ne paraît pas très normal de parler de nationalité quand on évoque une voiture. On avait l'habitude de retrouver des traits de la rigueur germanique dans les voitures allemandes, mais c'est de moins en moins vrai aujourd'hui. Il suffit de regarder les Volkswagen ID.3 ou ID.4 pour s'en convaincre. Ce sont des produits pensés pour le monde entier, sans identité particulière. Chez Ford, nous connaissons la Focus ou la Kuga. De bonnes autos, mais... Internationales. Devant l'Explorer par contre, il n'y a pas à tortiller. Celle-là, c'est une américaine.


5,06 m de longueur, 2,00 m de largeur, les américains n'ont jamais aimé faire les choses en petit, cet Explorer le prouve, et nos yeux d'européens en seront surpris, mais il n'est pas le plus gros de la gamme Ford USA. Plus qu'assez grand pour nous, l'Explorer est un 7 places. Peu de gens bien sûr, ont une famille nombreuse aujourd'hui, mais même un célibataire peut apprécier le très vaste volume intérieur. Avec tous les sièges arrières repliés, l'espace de chargement fait plus de 2 mètres de longueur. De quoi loger un grand lit, déménager un appartement, ou... Ou voyager très confortablement en famille, ou explorer des territoires inconnus, le nom est bien trouvé. On dit des martiens qu'ils seraient des petits hommes verts, nous n'avons pas pu vérifier (!), mais parce qu'il est hybride rechargeable, ce Ford Explorer tente d'être une grosse voiture verte, cela, nous allons le vérifier.
Technologie

La technologie hybride n'a rien d'étranger à Ford, puisque cela fait plus de 15 ans que le constructeur américain en fabrique. On ne le sait pas trop en Europe, puisque les modèles hybrides n'étaient pas importés, mais après la
Mondeo et
l'excellent Kuga, cet Explorer est la seconde Ford hybride rechargeable, avec une technologie totalement différente de celle du Kuga. Le Kuga en effet utilise un système analogue à celui des hybrides Toyota, alors que cet Explorer a une architecture semblable à celle des hybrides allemands. Il y a le moteur essence, et entre lui et la boîte de vitesses, il y a la machine électrique.


Nous imaginons que Ford aura fait ce choix pour prodiguer des sensations de conduite conventionnels. Le Kuga, comme les hybrides Toyota, se caractérisent par une certaine molesse de fonctionnement, par leur transmission à variation continue. Il n'y a rien de cela avec une boîte automatique conventionnelle à convertisseur de couple. C'est plutôt ici la performance qui est visée, puisque le moteur essence est un solide V6 de 3 litres, double turbo, de 363 ch ! Il reste qu'à la lecture des caractéristiques suivantes, nous voyons une anomalie. Oui, le mot n'est pas trop fort. Si on compare avec le Kuga, qui a un moteur électrique de 97 kW, avec une batterie d'une capacité de 14,4 kWh, cet Explorer, pourtant nettement plus gros, se contente d'une machine électrique de 75 kW, avec une batterie de 13,6 kWh. Il fonctionnera donc bien moins souvent sur son seul moteur électrique... A noter ensuite que ce Ford possède une vraie transmission intégrale aux 4 roues, et que sa boîte ne compte pas moins de 10 vitesses. La puissance totale disponible est de 457 ch, avec un couple maxi de 825 Nm.
Intérieur et équipement

Deux places avants, 3 places arrières avec des sièges individuels, et 2 autres places derrière dans une troisième rangée. Soit 7 places en tout, et les 2 places du fond sont utilisables par des adultes, même s'il vaut mieux être jeune, ou souple, pour y accéder en passant contre les sièges du milieu. Avec 7 personnes à bord, le volume du coffre n'est plus que de 240 litres, mais cela grimpe à 635 litres en configuration 5 places, et jusqu'à 2274 litres, si on remplit jusqu'au toit derrière les 2 sièges avants. Pour l'équipement, Ford a fait simple, puisque toutes les options possibles et imaginables sont de série. Il n'y a pas d'option. Deux finitions, l'une sport (ST-Line), l'autre plus typée luxe (Platinum), mais les différences sont minimes, à 77 ou 79000 €.
Performances et tenue de route


Il y a plein de gens qui disent du mal des SUVs, et des 4x4, mais ils sont très minoritaires. Aux États-Unis, les SUVs et les pick-ups représentent plus de deux tiers du marché, et en France, la barre des 40% est franchie. Nettement, et c'est facile de comprendre pourquoi. On est bien. Une position de conduite royale. Un grand capot qui donne confiance. Un conditionnement d'air (chaud ou froid) bien plus puissant que sur une voiture européenne. Un grand volume intérieur. J'aurais essayé l'arrière avec un collègue au volant, c'est un plaisir de voyager pour tous les passagers. Et quelle puissance ! Avec 457 ch, Ford annonce l'accélération de 0 à 100 km/h en 6 secondes. C'est vrai ! Et c'est très impressionnant qu'un gros engin comme cela soit capable de montées en vitesse aussi rapides. Je ne fus pas le seul à être impressionné, puisque sur la file gauche sur l'autoroute, il n'y a pas besoin de faire des appels de phares, les autres voitures s'écartent. Les Twingo, les Fiat ou je ne sais quelles autres plouqueries, ils me voient arriver dans leur rétroviseur, et ils se rangent vite fait. De mon côté, je jouis d'un très grand confort, les suspensions font admirablement leur travail. La tenue de route est supérieure à ce que j'attendais. La direction et le freinage sont un ton en dessous, mais quand même pas mal pour un engin de 2 tonnes et demie, qui prends plus de 10 m2 de surface sur la route. Le seul défaut que j'ai trouvé, est comme je m'y attendais dans le mode électrique.

Hormis sur un parcours urbain très dense, il enlève tout l'agrément de l'auto. C'est facile à comprendre. En mode hybride normal, le conducteur a 457 ch sous son pied droit. En mode électrique, il n'en a plus que 102. Croyez-moi, c'est vachement moins bien. En hybride, il y a un mode ÉCO et un mode Sport, mais la commande n'est pas logique, parce que le mode normal n'est pas entre les deux. Et comme l'Explorer est un 4x4, il possède des modes spécifiques au tout-terrain, que Ford a eu la bonne idée de nous faire essayer, sur une piste dans la Somme. L'Explorer y a montré de réelles capacités, en dépit d'un angle central assez faible, et qu'on puisse douter que les clients se montreront aventureux ? Enfin, pour moi qui suis habituellement un partisan de l'automatisme intégral, j'aurais apprécié les palettes derrière le volant, pour bloquer un rapport. En conduite dynamique, ou contrairement à toute attente, cette grosse Ford n'est pas ridicule, avec les 10 vitesses de la boite, il est sécurisant de pouvoir facilement se bloquer sur un rapport intermédiaire.
Consommation, efficacité énergétique


D'après la norme WLTP, il est possible de parcourir 42 km sans éveiller le moteur essence, je n'ai pas vérifié. L'information me semble sans aucun intérêt, parce que je me mets dans la peau du client, et que je suis sûr que comme moi, il détestera le mode qui lui enlève 75 % de puissance. Bien sûr, ce n'est pas écolo, mais faut pas rigoler, soyons réaliste. Si vous avez installé une éolienne dans votre jardin, pour abandonner l'affreux EDF et ses horreurs nucléaires, que vous ne vous nourrissez que de carottes, de céleri et de laitue, vous n'allez pas acheter ce gros 4x4 surpuissant de 2 tonnes et demie.


La vraie question est de savoir quelle est la consommation de la bête, en imaginant ce qu'elle serait s'il n'était pas hybride. Je ne donnerais donc que des valeurs avec la batterie déchargée. J'ai relevé 10,9 l/100 km en conduite routière dynamique, 8,8 l/100 km en conduite routière tranquille, et 9,6 l/100 km au régulateur, à 135 km/h sur l'autoroute. Pour un engin de cette taille et de ce poids, c'est peu. 457 ch, c'est la puissance d'un V8 de Mustang, et j'aurais usé 15/20 l/100 km si c'est cela que j'avais eu sous le capot. Et on peut encore user bien moins que cela en rechargeant toutes les nuits. Batterie pleine en mode hybride, on démarre devant tous les autres avec le moteur essence, mais il se coupe dés qu'on lève le pied, et on fera plus de 100 km avant de décharger complètement la batterie, avec une consommation d'essence de citadine.
Conclusion


De ce côté-ci de l'Atlantique, les ventes de la Ford Explorer seront toujours anecdotiques. Mais aux États-Unis, pour les millions d'américains qui refuseraient une Zoé si Renault leur en offrait une, c'est une formidable nouvelle que Ford soit parvenu à développer une chaîne de traction pour gros véhicules, qui soit aussi sobre, sans contre indication. L'Explorer peut tracter 2 tonnes et demie, on retrouvera d'ailleurs bientôt ce même groupe propulseur dans le best-seller mondial qu'est le pick-up F-150. Des centaines de milliers d'américains vont ainsi consommer moins. Et en Europe, si les automobilistes qui choisiront le Ford Explorer consommeront plus que le conducteur moyen, il reste qu'ils jouiront d'un rapport performances/consommation absolument formidable pour un véhicule 7 places. Ils seront aussi des gens heureux.
Laurent J. Masson
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