Lexus ES300h - Essai détaillé - Citadine et routière
Ses points forts
Douceur de fonctionnement Habitabilité Consommation Rapport qualité/prix Fiabilité Lexus |
Ses points faibles
Bruit du moteur Pavé tactile et écran qui ne l'est pas |
Historique et présentation
Le virage vers les SUVs a été pris très tôt chez Lexus. Et aujourd'hui, l'essentiel des ventes de la prestigieuse marque japonaise en France est avec le trio UX/NX/RX. Mais la marque de luxe n'oublie pas les berlines, et si la GS n'a pas trop bien marché en Europe (la clientèle de ce segment préfère les allemandes), Lexus a alors choisi d'importer enfin en Europe sa berline ES. C'est la seconde Lexus. Tout le monde connait la Lexus LS400, qui fut la première, et la première ES (
Executive Sedan), une ES250, fut introduite exactement en même temps, en janvier 1989. C'est dire que si le modèle est tout nouveau en Europe, il est connu et apprécié depuis plus de 30 ans aux Etats-Unis. La Lexus LS concurrençait la Mercedes classe S, l'ES la classe E, et elle eût plus de succès. En 2002 déjà, la Lexus ES était la voiture de luxe la plus vendue aux Etats-Unis, loin devant la Mercedes. Aujourd'hui en 2020, la Lexus ES en est à sa septième génération, c'est dire que le modèle est déjà très abouti.
Mais aussi d'une définition très rare. Surtout en Europe. On peine à trouver une concurrente à cette Lexus. Elle est clairement plus haut de gamme qu'une Renault Talisman ou qu'une Skoda Superb, tandis qu'avec sa traction avant et son système hybride, elle n'est pas dans la même cour que les BMW et Mercedes, qui mettent en avant les hautes performances de leurs versions M et AMG. La Lexus ES joue pleinement la carte de luxe, mais sans y associer aucun caractère sportif comme le font les allemandes. Dans l'esprit, cette Lexus est finalement assez proche des anciennes Rolls Royce. Celles dont la puissance du moteur n'était pas communiquée. Parce que c'était secondaire, le constructeur disait juste que la puissance était suffisante, et personne ne cherchait à en savoir plus. Cette ES300h est comme cela.
Technologie
Nous avons affaire à une grande berline. 4,97 m de long pour 1,86 m de large. L'emploi du terme
limousine semble approprié. L'auto est une traction avant, et comme toutes les Lexus (du moins en Europe de l'Ouest), c'est une hybride. Son moteur essence est un gros 4 cylindres à longue course de 2,5 litres, il développe une puissance plutôt modeste pour sa cylindrée de 178 ch. On voit là qu'il est optimisé pour la sobriété (ce serait d'ailleurs le moteur thermique le plus efficient du monde). Il utilise comme tous les hybrides Toyota le cycle Atkinson, associé à une machine électrique de 88 kW. La puissance totale disponible est de 160 kW (218 ch). Pour la batterie, les ingénieurs Lexus font encore confiance à la technologie NiMH, que la concurrence a vite fait de dénigrer, mais on rappellera qu'il y a des Lexus et Toyota hybrides qui font plus de 300 000 km avec une batterie NiMH, et qu'elles donnent encore entière satisfaction. C'est durable le NiMH ! Enfin, la lecture de la fiche technique révèle une surprise : la vitesse de pointe est limitée électroniquement à 180 km/h. Voilà qui en dit beaucoup sur les objectifs de la voiture, quand on pense que chez Mercedes, la classe E de base, la E200 a déjà une vitesse de pointe de 240 km/h...
Intérieur et équipement
La face avant est probablement loin de faire l'unanimité, avec cette grande calandre, mais l'habitacle devrait lui plaire à tous, sinon aux éternels insatisfaits. Les places avants sont très, très confortables, et assis à l'arrière, on apprécie la distance qui sépare des occupants du premier rang. Le vrai luxe est là, dans l'absence de tout sentiment de promiscuité. Il y a beaucoup de place pour les jambes, et on respire. La garde au toit n'est pas contre pas au même niveau. Un SUV est là supérieur. Le coffre enfin est d'un volume de 454 litres, ce qui est excellent pour une voiture hybride (ceux qui se souviennent de la GS 450h apprécieront), mais ce qui reste inférieur à une auto non hybride de mêmes dimensions. Et on en vient au plus bel atout de l'ES. L'intérieur de cette Lexus est un bel endroit. On y très bien assis, le coude est à son aise sur le grand accoudoir central. Les sièges sont larges, ils sont recouvert d'un cuir de belle qualité, et l'équipement comprend tout ce dont on peut rêver... Sauf un écran tactile. C'est à nos yeux le plus gros défaut de l'auto.
D'un point de vue esthétique, c'est bien. Le très grand écran central de 30 cm n'étant pas tactile, il a été possible de le placer plus en arrière, et c'est plus élégant. Mais le prix à payer pour cela est de devoir se servir d'un pavé tactile dont l'usage n'est pas aussi facile. Vu que Porsche a lui aussi cédé à la praticité des écrans tactiles, il nous semble qu'il n'y ait plus que Lexus et Rolls Royce qui continuent à les ignorer. On verra si cela dure, même si l'avenir appartient peut-être plutôt aux commandes vocales ? Les sièges sont chauffants, et réglables électriquement, à l'avant et même aussi à l'arrière, du moins dans notre modèle d'essai qui était en finition
Executive. C'est l'inclinaison des dossiers des sièges arrières qui est réglable, mais seulement de quelques centimètres, on peut donc probablement se satisfaire d'une finition moins luxueuse.
Un vrai plus par contre sont dans les multiples stores pour garantir l'intimité des passagers arrières. De nombreuses voitures ont des stores sur leurs vitres arrières, mais la Lexus ES en a aussi sur ses custodes, et sur sa lunette arrière. Ce dernier est électrique, et comme ils sont intelligents chez Lexus, il se replie si on enclenche la marche arrière, avant de se relever quand on se remet en marche avant. Remarquable ! Par dessus le tableau de bord, où le combiné d'instruments nous semble un peu petit, le système d'affichage tête haute est lui très grand, avec la bonne idée d'afficher un compte-tours. Celui-ci est d'un graphisme inhabituel, puisque linéaire, mais il est très lisible. Comme le combiné d'instruments entièrement digital, on peut choisir différents affichages, par exemple un compte-tours ou un indicateur de puissance, mais nous choisissons toujours le compte-tours, parce qu'il nous est très agréable de constater l'efficacité du système hybride, en roulant avec le compte-tours à zéro.
Performances et tenue de route
Lexus a encore progressé. Depuis la première Prius, le système hybride Toyota s'est distingué pour son étonnante douceur de fonctionnement, et c'est encore plus doux dans cette Lexus ES. Le moteur essence vit sa vie entre 1500 et 2500 tr/mn. Cela sur la route, puisqu'en ville, il dort la moitié du temps. Si son réveil est sans aucun soubresaut, il nous rappelle cependant qu'il n'est qu'un 4 cylindres. Dans cette limousine par ailleurs si sophistiquée, nous aurions préféré entendre le bruit velouté d'un 6 cylindres... Mais cela aurait consommé plus... Il y a un mode
Sport, nous l'avons trouvé presqu'incongru. Idem la finition
F-Sport. Cette voiture n'a pas de vocation sportive. Nous avons même été surpris, en nous rappellant de notre essai de la
Toyota RAV4 l'année dernière, que ce SUV avait une conduite plus enjouée. L'enjeu ici est de ne pas faire de vagues. Comme un majordome anglais de la vieille école, on lui donne une tâche à faire, et il l'éxécute immédiatement, sans discuter et en silence.
Et il fait du bon boulot ! La direction est précise, le freinage sans faille, et la suspensions fait un excellent travail d'isolation. Il fait bon voyager dans cette auto. Certains pourront se plaindre de la transmission à variation continue, qui fait bondir le régime moteur si on accélère brutalement, mais c'est de leur faute. D'abord ce défaut est beaucoup moins marqué que sur une Prius, mais surtout parce que la voiture ne doit pas être conduite come cela. La Lexus ES est une limousine, il faut la conduire comme telle, c'est dire sans brusquerie. Là où l'auto est agréable dans les reprises, est lorsque la demande de puissance peut-être intégralement satisfaite par le moteur électrique. Lui répond en effet immédiatement et silencieusement, et si le conducteur a enfoncé la pédale d'accélérateur si fort qu'il en a fait rugir le moteur essence, c'est parce qu'il est un mauvais danseur qui marche sur les pieds de sa partenaire.
Consommation, efficacité énergétique
Sur un parcours routier tranquille, nous avons consommé 5,2 l/100 km. Par curiosité, nous avons essayé le mode Sport, et adopté une conduite bien plus nerveuse. Le bilan ne s'est pas fait attendre, c'était une mauvaise idée. La consommation fut en hausse de 40 %. C'était bien stupide, parce que nous n'avons pas roulé 40 % plus vite. Retour donc à la conduite sage qui sied le mieux à l'auto, dont nous constatons sur l'autoroute les limites du système hybride : moyenne de 8,5 l/100 km. Mais en ville, sur un parcours lent, nous sommes tombés sous la barre des 4 l/100 km, et il faut dire haut et fort, que c'est absolument incroyable, mais pourtant vrai, de parvenir à consommer aussi peu dans une belle limousine comme l'ES en est une.
Conclusion
Dans la finition Executive de notre modèle d'essai, la Lexus ES 300h vaut 64 990 €. Une somme qui fait réfléchir, alors qu'on adhère immédiatement à la version de base à 48 490 €. Un nombre substantiel de clients sont des taxis, et nous avons compris pourquoi. Il y a bien sûr l'exceptionnelle réputation de fiabilité dont jouissent toutes les Lexus. Mais ce n'est pas tout. Il y a aussi, et c'est le plus important, la qualité de vie. La Skoda Octavia aussi est populaire auprès des taxis, mais c'est une diesel, et hormis dans sa finition supérieure, sa présentation intérieure n'est pas très gaie. Alors que dans la Lexus, bien assis sur un siège large et confortable, avec un très bon air conditionné, et une radio d'exception, la vie est belle. Pour celui qui passe 50/60 heures par semaine dans sa voiture, cela change la vie que de les passer dans cette Lexus. On s'habitue même assez facilement à ses dimensions qui n'ont rien d'une citadine, mais... Avec son système hybride qui excelle d'efficacité en ville, pour aboutir à ce que cette limousine y soit plus sobre qu'une petite Toyota Aygo, on peut écrire que l'ES 300h est l'une des meilleures voitures urbaines qui soit, avec en plus d'excellentes capacités routières. Aucune autre voiture n'est capable d'un tel paradoxe.
Laurent J. Masson
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