Les voitures écologiques au salon de Genève 2008, maxi-reportage
Pour le plaisir des yeux, Ferrari avait amené sur son stand une voiture qui y avait fait sensation 40 ans plus tôt, la 365 GTB4.
On n'aurait jamais pu imaginer à l'époque, que le concept Audi R8 V12 TDI exposé tout à côté serait aujourd'hui beaucoup plus performant, en étant nettement plus sobre, et moins polluant. Le prototype Mercedes GLK BlueTEC hybride (ci-dessous) rejette 100 fois moins d'oxydes d'azote (NOx) que la superbe Ferrari, cela s'appelle le progrès écologique, et il était à l'affiche quasiment partout à Genève.
Nos voitures rejettent moins de CO2, et elles respectent la future norme anti-pollution Euro 5. C'était à celui qui le clamait le plus fort. Mais, dans la plupart des cas, l'affirmation ne faisait que constater des progrès incroyables du moteur diesel. Sur le stand
Alpina, le préparateur BMW (malheureusement non distribué en France), la
D3 Bi-Turbo, une auto développée sur la base d'une série 3, le 4 cylindres donne 214 ch, et 450 Nm de couple. Pas mal pour un 2 litres diesel ! Moins de 5 l/100 km sur route, et 148 g/km de CO2 en moyenne. Ces chiffres sont indubitablement impressionnants, mais Mercedes dit mieux.
Présenté sur le concept GLK, le nouveau 4 cylindres diesel de la marque à l'étoile propose en effet 204 ch, et une valeur incroyable de 500 Nm de couple. On disait il y a peu que les 4 cylindres diesel de 2 litres, avaient le couple des 6 cylindres essence de 3 litres, on dira maintenant qu'un 4 cylindres diesel a plus de couple que le V8 4,6 litres d'une Ford Mustang. Et cela ouvre de toutes nouvelles possibilités aux ingénieurs en terme de downsizing : BMW présentait le concept
X5 Vision Efficient Dynamics motorisé par un simple 2 litres, et Volkswagen se satisfaisait d'un moteur 1,2 litres pour sa Golf hybride.
Cette voiture n'est encore qu'un prototype. Mais nous en attendons une version de série dans la prochaine génération de la Golf, et ce ne sera pas dans 10 ans. Ce que nous savons aussi, est que si elle étudiée pour respecter les normes anti-pollution de la Californie, cette voiture n'est absolument pas un modèle spécifiquement conçu pour le marché américain. La future Golf hybride sera vendue des 2 côtés de l'Atlantique. Mais plutôt que la technologie proprement dit, c'est son coût qui est le problème. Cette voiture est en effet très significativement plus chère qu'une Golf TDI classique.
Avec une consommation moyenne de 3,4 l/100 km et des émissions de CO2 de 89 g/km, cette Golf TDI hybride bat tous les records. Mais on ne sait quel supplément le client acceptera de payer par rapport à une Golf standard. Quasiment tous les constructeurs travaillent pourtant à des solutions qui associent diesel et hybride, et nous avons découvert 2 nouveaux convaincus de cette association. Le premier est Ssang Yong. Ci-contre le train roulant qu'il a développé, il projette d'en équiper son modèle Kyron à l'horizon 2010, et il cherche d'autres constructeurs qui seraient intéressés pour partager sa technologie.
Le second est le japonais Suzuki, il devrait proposer une motorisation diesel hybride sur sa future berline grande routière, on devrait d'ailleurs en voir le concept sous la forme d'un Kizashi 3 au prochain salon de New York. Quant à la voiture de série, elle sera pour 2010. Plus près de nous, cette Kia eco pro_cee'd (ci-contre) égale la Toyota Prius avec des émissions de CO2 de 104 g/km. C'est grâce à un moteur diesel de dernière génération (Euro 5), et un système Stop & Start. Elle sera commercialisée à partir de février 2009, il faudra attendre quelques mois supplémentaires pour que la Prius 3 vienne faire mieux.
En bas de gamme, nous devons saluer l'arrivée d'une nouvelle version de la Logan, la Sandero (ci-contre). Pas que l'auto possède une technologie particulière de valeur, mais en ce qu'elle permet à celui qui possède une vieille voiture polluante et dépassée, de la remplacer par un modèle répondant aux dernières normes, la Logan constitue un progrès certain. Il en va de même avec la
Tata Nano (ci-dessous). Même si là, l'auto neuve remplace le scooter. C'était la première européenne de la petite indienne, et elle obtint un succès incroyable. Son stand ne désemplit pas durant les 2 journées presse.
Alors que l'année dernière, le stand Tata était presqu'aussi vide que celui de Lada. Les choses changent vite d'une année à l'autre, et pour Lada aussi, puisque le russe n'est pas venu cette année. Nous nous en réjouissons presque tant leurs autos étaient dépassées sur tous les plans. Normes de plus en plus strictes dans tous les domaines, contrainte de limiter les émissions de CO2, le travail de constructeur est chaque jour plus complexe. La sophistication de la technologie est croissante, mais le savoir disponible ouvre de nouvelles portes, notamment celle de l'exploitation optimisée du gaz naturel comme carburant (GNV), dans laquelle les suisses se sont engouffré avec un enthousiasme lui aussi grandissant.
On vend désormais plus de voitures au GNV que d'hybrides en Suisse. Simplement parce qu'il y a plus de choix. On trouve chez les concessionnaires Chevrolet, Citroën, Fiat, Ford, Mercedes, Opel et Volkswagen, des voitures au GNV, avec une garantie contructeur normale. Il y a une centaine de stations bien réparties sur tout le territoire helvétique, mais ce qui a retenu notre attention, sont les nouveautés GNV avec des moteurs suralimentés. Le roadster
PGO Cévennes affiche fièrement ses émissions de CO2 limitées à 118 g/km, on attend aussi une excellente valeur pour la Passat TSI au GNV.
MoteurNature avait présenté
cette auto il y a un peu plus d'un an, elle sera commercialisée à la fin de l'année. Sa double suralimentation devrait tirer le meilleur parti de l'indide d'octane élevé du GNV. On l'attend comme taxi, en ce qu'elle constituerait enfin une alternative crédible au diesel. Mais plus loin, et toujours au gaz, Hyundai a créé l'évènement en présentant la voiture qui rejette le moins de CO2 que nous n'ayons jamais vu. Enfin, du moins parmi les voitures motorisées par un moteur à combustion alimenté par un hydrocarbure. La voiture est à la base une Hyundai i10, avec le moteur de l'année prochaine.
La Hyundai i10 (ci-contre) sera commercialisée début avril avec un 4 cylindres de 1,1 l, elle recevra l'année prochaine un 3 cylindrs turbo de 0,8 l. Hyundai a développé une version hyper optimisée de ce modèle, avec une alimentation au GNV, il dit qu'elle ne rejette que 65 g/km de CO2 !!! Alors on pourra toujours dire du mal du gaz naturel, et que passer du pétrole arabe au gaz russe ne résoud rien, mais une auto qui ne rejette que 65 g/km de CO2 mérite le respect. Bravo aux ingénieurs coréens ! Dommage cependant, la voiture n'est pas très belle, c'est une petite 4 portes haute et étroite, et les plastiques de son intérieur sont bien ordinaires.
C'est tout le contraire de la Toyota IQ, ultra-courte avec ses 2,99 m mais néanmoins aguichante, plus en tout cas que le concept vu l'année dernière à Francfort. La présentation de cette auto à Genève nous a cependant paru prématuré. Nous ne nous attendions pas à la voir avant septembre, c'est d'ailleurs à ce moment qu'on pourra réellement découvrir cette nouvelle IQ. Car pour l'heure, l'auto sera restée toute la durée du salon de Genève derrière des barrières. Le standing de l'auto nous fut cependant confirmé, elle sera plus chère qu'une Aygo, et peut-être même que la Yaris de base.
Autre auto qu'il n'est pas encore possible d'acheter : l'hybride chinoise. L'idée d'une voiture chinoise est encore très récente dans l'esprit des européens, mais voilà qu'ils se mettent déjà à faire des hybrides ! La voiture s'appelle BYD F3 DM, ses moteurs thermique et électrique fournissent la même puissance de 50 kW. Nous les avons vu tous deux sous le capot, il s'agit d'un hybride rechargeable avec une autonomie en mode électrique de 110 km. Nous avons constaté que la qualité des pièces de fonderie était acceptable, idem la qualité des plastiques de l'intérieur.
Mais nous savons que le plus important dans une auto hybride est le logiciel de gestion qui pilote le système, et là, nous ignorons tout du talent des ingénieurs chinois. Alors que la question ne se pose pas pour la superbe
Fisker Karma, puisqu'elle a été conçue par des ingénieurs de chez Quantum, dont le talent n'est plus à démontrer. Dommage cependant que le constructeur ne révèle encore aucune information sur ses fournisseurs (moteur à combustion, batterie), ni sur le prestataire qui va construire l'auto. Le prix de vente en Europe serait de l'ordre de 75 000 euros, les premières livraisons de clients européens sont prévues pour fin 2009.
Les amateurs d'hybrides avaient ensuite de quoi se rassasier chez Saab, qui présentait 2 concepts originaux. L'un, la 9-4X BioPower Concept était un assez gros break tout chemin, l'autre était la 9-X BioHybrid (ci-contre). C'est celle-ci qui nous a semblé la plus intéressante, en ce qu'elle préfigurait la future petite Saab. C'est un hybride léger, mais l'auto possède un moteur 1400 essence turbocompressé optimisé pour le superéthanol E85, il fournit la puissance de 200 ch. Nous espérons voir la future petite Saab l'année prochaine, une variante hybride pourrait suivre l'année suivante.
A côté des grands constructeurs, Genève est toujours aussi l'occasion de découvrir des engins très originaux, comme le prototype
e-motion ci-contre. Sur le stand de l'association
e-mobile, ce petit véhicule montre ce que pourrait être un engin électrique abordable. Biplace urbain, il est un peu plus petit qu'une Smart Fortwo. Avec une masse réduite à 350 kg (batteries Lithium-Ion incluses), il se contente d'un moteur de 8 kw, et il pourrait être produit en petite série pour moins de 10 000 euros, batteries non incluses. Dommage cependant que son esthétique ne soit pas plus avenante.
Les voitures électriques étaient plus nombreuses qu'à l'accoutumée en cette année 2008. Nous en vîmes sur les stands Micro-Vett, Mitsubishi, Nissan et Subaru (tous des modèles déjà vus sur d'autres salons), mais la Fiat Doblo électrique fabriquée par le premier (importée en France par Newteon) est la seule qui soit disponible immédiatement. Pour le futur proche néanmoins, nous avons remarqué avec plaisir que la
Bolloré BlueCar exposée était pourvue de plaques d'immatriculation. Cette auto n'est pas une maquette de salon, mais une vraie voiture qui roule, et nous en verrons une nouvelle génération, plus belle, au salon de Paris en septembre.
Véritable nouveauté, et présentée sur ce site en
avant-première, la Lumeneo Smera est une bonne surprise, car plus sophistiquée que nous le pensions. Très étroit, ce véhicule penche nécessairement dans les virages, et nous avions pensé à des suspensions à grand débattement avec un contrôle mécanique pour cela, mais non, il y a un pilotage électronique pour garantir que la Smera soit d'une prise en main facile, et ne déconcerte pas son conducteur. La Lumeneo a cependant le défaut de ses qualités. A savoir que si elle est petite à l'extérieur, elle est aussi petite à l'intérieur. Mais nous gageons qu'un pilote de F1 trouverait la Smera spacieuse.
Pour très bientôt ensuite, la Th!nk, la voiture électrique norvégienne, semble de retour sur des rails. Nous avons en effet vu 5 Th!nk à Genève, toutes des vraies voitures qui roulent, l'une portant les signatures des personnes qui l'avaient essayé (ci-contre). La production est encore au ralenti, mais elle devrait adopter un rythme normal le mois prochain. Th!nk fait de plus des projets, puisqu'il présentait le concept d'une voiture inédite, l'Ox, ci-dessous. C'est une 5 places bien plus ambitieuse que l'habituelle Th!nk City, mais on s'inquiète déjà de son futur prix de vente.
La Th!nk City déjà (ci-dessus), est une voiture chère. Affichée à plus du double du tarif d'une Twingo, batteries non comprises, elle demande une motivation écologique certaine. Et c'est tout le drame des petites séries, pour lequel nous attendons tant des grands constructeurs. Le salon de Genève fut pour les européens l'occasion de découvrir la
Toyota 1/x (ci-dessous), cette auto est réellement très impressionnante par sa structure toute en fibre de carbone. Toyota a été le pionnier de l'hybride, s'il pouvait l'être aussi de la coque en carbone sur les voitures de grande série, il serait vraiment un champion !
Autre voiture hybride, le concept Quaranta de Giugiaro (ci-dessous), et qui s'appelle ainsi pour fêter les 40 ans de son studio
Ital Design. Le groupe propulseur a été fourni par Toyota, c'est celui de la Lexus RX400h, ce qui permet à l'auto d'être une 4 roues motrices, sans arbre central de transmission, puisqu'un fil électrique suffit. Quant à la carrosserie, c'est un brillant remake, actualisé et amélioré, de la Bizzarini Manta de 1968, qui était opportunément exposée à côté sur le stand du designer. Designer et plus, puisque Giugiaro a aussi conçu la suspension de cette Quaranta, entre mille autres choses.
Avec une masse de 1400 kg, la consommation moyenne théorique serait de 7,1 l/100 km, avec des émissions de CO2 de 180 g/km. C'est dans une voiture qui accélère de 0 à 100 km/h en 4 secondes. Mais si les électriques et les hybrides faisaient l'actualité, l'engagement pour la pile à combustible (PAC) était confirmé chez plusieurs constructeurs. Honda exposait sa
FCX Clarity, Mercedes avait un écran géant pour dire qu'il commencerait en 2010 une petite série de voitures à PAC, et Hyundai nous disait la même chose par la bouche de son directeur européen.
Parce que plus nous voyons de voitures électriques, et que plus on mesure leurs limites, plus les voitures à PAC nous semblent indispensables. Il y en avait 2 nouvelles à Genève, la première chez Morgan. C'est là que nous avons pu voir que s'il y en a qui croient que les voitures à PAC valent des dizaines de millions, ils se trompent lourdement ! Le budget R&D de Morgan n'est pas gras. Mais avec une équipe hyper motivée, et avec des vrais passionnés à l'œuvre, Morgan est parvenu à réaliser une voiture à PAC totalement originale, la LIFECar (ci-dessus), qui est épatante pour son mariage inédit du look le plus rétro avec la technologie la plus moderne.
Sur un autre registre, au top du style, et avec des choix technologiques beaucoup moins préoccupés des coûts, la sublime Pininfarina Sintesi possède une architecture révolutionnaire, avec 4 roues motrices et une PAC par roue. Le style est au diapason, avec des portières qui s'ouvrent mieux que les rideaux d'un théatre, pour découvrir un habitacle spacieux. Synthèse des savoirs et possibles actuels, la Pininfarina Sintesi est un
best-of pour Pininfarina, lui qui avait déjà signé la Ferrari 365 GTB4 du début de ce reportage. Alors que Ferrari en est toujours au moteur V12 gros buveur de ressources fossiles, Pininfarina donne l'exemple au cheval cabré.
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