EVS21, le salon et la fête des voitures électriques, hybrides et à pile à combustible

Une nécessité

Il y a tous les ans un salon de la voiture électrique début avril à Monaco. Mais l'édition de cette année 2005 avait une saveur toute particulière, puisqu'elle se déroulait en parallèle avec l'EVS21. Cette manifestation, l'Electric Vehicle Symposium, dont c'était la 21° édition, est un cycle de conférences (ci-contre), techniques, pour les professionnels, qui a lieu tous les 18 mois, à chaque fois dans une ville différente. C'est ainsi que l'EVS20 eût lieu à Long Beach, tandis que l'EVS22 aura lieu à Yokohama. Ce n'est donc pas souvent en Europe, mais nous avons une bonne nouvelle : capitalisant sur l'EVS21, le salon de Monaco va se développer l'année prochaine. La prochaine édition s'appellera en effet « EVER », ce qui tient pour Ecologic Vehicles & Renewables Energies. Toutes les automobiles écologiques y seront acceptées, on y sera !

L'EVS21 n'a pourtant pas commencé dans la joie, puisque l'inauguration prévue par le Prince Albert avait été annulée. Forcément, mais ceci mis à part, la manifestation fut un succès certain. Et comme on s'y attendait, ce furent les véhicules à pile à combustible (PAC) qui furent en haut de l'affiche. Honda, Hyundai, Mercedes, Michelin, Peugeot, Toyota et Volkswagen présentaient leurs modèles utilisant cette technologie. Tous avec des véhicules déjà présentés sur ce site, mais nous montrons ici la Toyota FCHV (ci-dessus), car le constructeur japonais se distinguait par son effort pédagogique.

Le FCHV exposé, en effet, avait une carrosserie transparente, et plusieurs circuits lumineux en montraient le fonctionnement, avec des shémas pour en expliquer les subtilités. Mais, ce qui apparaissait clairement aussi, c'était l'analogie avec la Prius, qui est un point de départ, pour aller vers la voiture à pile à combustible alimentée par de l'hydrogène. Il est bien que Toyota le fasse comprendre. Dans un tout autre registre, réalisé avec beaucoup moins de moyens, un petit véhicule à pile à combustible était exposé sur le stand de la société Air Liquide. La PAC de ce véhicule ne sert pas pour autant à sa propulsion, elle est là pour les urgences. De marque Mega, ce petit utilitaire électrique (ci-dessus), fonctionne sur batteries, et sa PAC permet de proposer une alimentation électrique immédiate, partout où il peut se rendre.

Avec la bonbonne d'hydrogène devant lui (rouge, habillée de bleu), ce véhicule, qui se déplace sans bruit ni pollution, offre dans les mêmes conditions 2500 watts disponibles pour tout usage, avec une PAC qui démarre en quelques secondes. Bon point : c'est sans 100 % français. Ce qui n'est pas le cas du Peugeot Quark (ci-contre), dont on rappelle que la PAC est suisse. Une surprise cependant, il y avait 2 Quark exposés, dont un sans carrosserie. Alors pour tous ceux qui pensaient (comme nous) que le projet Quark serait très éphèmère, ils se sont trompés... On voudrait même encourager le projet, mais on s'interroge quand même : pourquoi ne pas plutôt développer une vraie voiture. De la part d'un grand groupe comme PSA, ce serait le minimum...

Mais c'est un minimum que Renault ne fait même pas, puisque la marque au losange n'avait pas pris de stand. Heureusement alors qu'il y avait Dassault/Heuliez. Les 2 associés présentaient à Monaco la version postale de leur Cleanova, et ce fut Serge Dassault en personne qui introduisit l'auto (ci-contre). La voiture existe en 2 versions, tout électrique ou électrique avec prolongateur d'autonomie (petit moteur thermique faisant générateur), c'est la première version que La Poste va essayer à compter de cet été. Pour témoigner de l'engagement de l'entreprise, le grand patron de La Poste était là (en costume clair sur la photo) et, ne l'oublions pas : La Poste possède déjà plusieurs centaines de voitures électriques.

Comme de coutume à Monaco, les 2 roues étaient présents en force, mais c'était le constructeur Vectrix qui y montrait le plus d'ambition. 2 modèles distincts étaient exposés, l'un pur électrique, fonctionnant sur batteries, et un second dont le moteur électrique était alimentée par une PAC fonctionnant au... méthanol. Choix technique critiquable, car même si le méthanol, liquide, est plus pratique que l'hydrogène, cette solution empêche le scooter de s'enorgueillir d'être un engin zéro-pollution... A noter pourtant que la société Vectrix recherche en ce moment des distributeurs partout en Europe, mais le marché n'est pas facile, puisque sur le salon 2 autres fabricants de 2 roues électriques en recherchaient aussi.

En marge du salon et des essais officiels, une annexe était sur le port, on pouvait y assister, et participer, à des démonstrations de karts électriques. Mais sur le salon aussi, il y avait un kart (ci-contre). Sur le stand de la valeureuse entreprise belge Green Propulsion ! Avec des moyens mesurés mais beaucoup d'ingéniosité, cette petite société travaille seule au développement d'un Renault Kangoo hybride. Cette auto n'était malheureusement pas exposée, mais les premiers tests réalisés sont très encourageants, et on espère pouvoir bien vite en reparler ici. Parce qu'à défaut d'avoir des voitures hybrides aux catalogues des constructeurs européens, on pourra ainsi au moins faire valoir des ingénieurs talentueux.

Sur le stand Volkswagen, nous avons retrouvé avec plaisir la fabuleuse « One Liter ». Certes, cette voiture n'a rien d'électrique, elle a un moteur diesel, ce qui aurait dû la prévenir d'être là, mais par ses performances exceptionelles, elle méritait bien d'être présente. Prototype réalisé à 2 exemplaires (c'est surtout l'autre qu'on connait, il est noir), cette voiture avait pour but d'étudier la faisabilité d'une auto ne consommant qu'un seul petit litre de carburant aux 100 km. La voiture roule, et sa frugalité a été prouvée. Avec 2 places en tandem et une hauteur inférieure au mètre, elle n'est cependant pas des plus pratiques, et Volkswagen ne la produira jamais en série. Mais rien que de l'avoir fait, c'est déjà beaucoup. Alors que tout le monde le sache !

Le salon étant avant tout destiné aux professionnels, on y trouvait tout ce qu'il faut pour se construire une voiture électrique. Nous avons compté 8 fabricants de batteries, 2 de supercondensateurs, sans compter MES-DEA, l'entreprise suisse qui assure désormais la commercialisation des batteries Zebra (ci-contre). En attendant la disponibilité des batteries LMP de Bolloré, ces batteries sont généralement reconnues comme les meilleures disponibles. Nous avons vu également fabricants de PAC et de moteurs électriques, mais attention à ne pas croire que tout soit simple. L'achat des éléments n'est qu'une partie infime du développement d'une voiture électrique. La difficulté est ensuite l'intégration.

Plusieurs bureaux d'études étaient alors là pour proposer leur savoir-faire. Systèmes de gestion d'accumulateurs, de l'énergie électrique, contrôle et optimisation de l'exploitation ou de la récupération, il faut des ingénieurs ! Mais même pour ceux qui ne le sont pas, tous les participants ont appris quelque chose, et tout le monde a vu quelque chose qu'il ne connaissait pas, même le ministre présent. On attendait celui de l'écologie, c'est celui des Transports qui vint, tant mieux, c'est un plus gros ministère. M.De Robien eût ainsi l'occasion de rencontrer Mme Courrèges (ci-dessus), qui était venu au salon sans aucune volonté commerciale, puisqu'elle n'a rien à vendre, mais simplement pour montrer ses 2 autos, la Bulle d'R et l'EXE, et témoigner de leurs performances. Alors si M. le ministre souhaite donner l'exemple, il sait maintenant quoi faire : mme Courrèges a pris l'initiative de se faire construire une auto électrique performante, mais non polluante, à nos gouvernants de faire de même.

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