Shell Eco-Marathon, succès croissant pour la course qui nous prépare à l'avenir

Des monoplaces écologiques

Regardez bien l'automobile ci-contre. Elle n'arrive pas à la hauteur du genou, mais il y a pourtant quelqu'un à son bord. Un étudiant bourguignon qui participe à l'Eco-Marathon de Shell, une manifestation dont c'était la semaine dernière la 22ème édition, et qui connait désormais un succès immense. Bien au-delà de ce les organisateurs pouvaient espérer en 1985. Des chiffres : on place la Formule 1 en haut de la hiérarchie du sport auto, mais il n'y a pourtant que 20 voitures engagées, et ce sont toujours les mêmes qui gagnent depuis 10 ans, soit une Ferrari, soit une McLaren, soit une Renault.

Le rally ne vaut pas tellement mieux, avec 49 participants au dernier Monte Carlo. Faible par rapport aux 257 engagés du Shell Eco-marathon ! Avec les rallys de voitures anciennes, l'Eco-marathon de Shell est devenu l'une des courses les plus populaires, et au jour où le réchauffement climatique devient une question plus préoccupante chaque jour, on ne peut que s'en féliciter. Car l'Eco marathon n'est pas une course comme les autres où c'est le plus rapide qui gagne, le vainqueur est ici celui qui consomme le moins sur un parcours où une vitesse minimale est imposée.

Conçues spécifiquement pour cette épreuve, les voitures sont majoritairement des engins à 3 roues, 2 à l'avant, 1 à l'arrière, et un concurrent à eu l'idée amusante d'en faire une avec une carrosserie transparente. On peut ainsi découvrir le chassis tubulaire, où le pilote, ni grand ni gros (ce sont souvent des demoiselles), est quasi couché, dirigeant l'engin par des manettes. Quant au moteur, il est à l'arrière, tout contre la roue motrice unique. La forme de la carrosserie est dictée par les lois de l'aérodynamisme, et comme l'épreuve se déroule intégralement sur circuit, la garde au sol peut être minimale, avec une suspension simpliste.

Depuis plusieurs années, l'épreuve a lieu dans le Sud-Ouest, sur le circuit de Nogaro. Les voitures doivent effectuer 7 tours de circuit (25,272 km) en un temps minimal de 50 minutes et 34 secondes, ce qui correspond à une vitesse de 30 km/h. Les carburants sont fournis par Shell, c'est son métier, et c'est là qu'il est avantageux que les voitures particpantes ne soient pas des autos traditionnelles. Au lieu d'un camion citerne qui aurait effectué plein sur plein, on donnait juste à chaque concurrent un bidon d'un litre. Cela suffisait largement pour parcourir les 30 km attendus, puisque la voiture qui a consommée le plus n'avalait que 0,98 l/100 km.

0,98 l/100 km ! C'est énorme ! C'était un nouveau team, qui n'était pas bien préparé. Le meilleur (ci-contre), la voiture de l'équipe nantaise du lycée de la Joliverie n'a consommée que 0,0329 l/100 km. Habitué de cette compétition, le lycée de la Joliverie est l'équipe à battre depuis plusieurs années. Ils ont confirmé une fois de plus leur savoir faire en 2007. Mais y aurait-il un talent particulier à Nantes ? Parce qu'en sus de cette victoire dans la catégorie des prototypes avec un moteur à combustion interne, c'est une autre équipe nantaise qui a remportée la catégorie pile à combustible.

Et c'est toujours le lycée de la Joliverie, mais il est associé à l'école polytechnique de Nantes pour ce prototype n°202 qui marche à l'hydrogène. La troisième catégorie était celle des voitures solaires, elle a vue la victoire du concurrent n° 301, du Lycée Louis Pasquet, d'Arles. Il s'agit de la voiture rouge ci-dessous, dont on ne distingue pas les cellules solaires sur ce cliché, puisqu'ils sont sur le plateau qui surplombe la carrosserie. 3 vainqueurs en effet, car il est délicat d'établir des équivalences entre ces différentes technologies. Mais notons que les vainqueurs sont tous français, alors que la compétition était internationale, avec des concurrents de 20 pays.

Ce sont tous des étudiants. Et pas seulement des étudiants ingénieurs, comme les élèves de l'Estaca qui ont fini deuxièmes dans la catégorie des prototypes, moteur à combustion. Non, les gagnants, du lycée de la Joliverie, sont des étudiants en BTS. Ils sont là parce que la participation à l'Eco-marathon, donc la réalisation d'un prototype, est le meilleur projet de travaux pratiques qui soit. C'est un plus sur le CV d'un jeune diplomé, et les entreprises l'ont bien remarqué. Plusieurs offres et demandes de recrutement se sont échangées aux abords de la piste.

Car si les budgets sont limités, l'imagination est au pouvoir à l'Eco-marathon. Le prototype ci-contre par exemple, est inclinable, il se penche dans les virages pour maintenir sa vitesse sans faire varier sa consommation d'énergie. C'est habile, parce que cette sophiscation ne tient qu'à quelques bouts de tube montés sur des pivots au bout de roues de vélos. Un autre team a eu la capacité de prendre un moteur Puch de cyclomoteur, deux temps, d'y adjoindre une injection directe de sa conception, et de le faire fonctionner au dymethyleter (DME). Encore un autre avait construit un chassis en mélangeant acier et bambou... Pour toutes ces démonstrations d'ingéniosité, nous espérons que l'Eco-marathon va continuer à se développer.



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