Les concept-cars de Toyota au salon de Tokyo 2003

Le feu d'artifice

PM. Ce n'est pas pour Pistolet Mitrailleur, mais pour signifier Personnal Mobility, et c'est le nom de l'engin motorisé ci-contre, qui répond aussi à la définition d'automobile, et ce nom s'explique par le fait qu'il s'agit d'une monoplace. Le concept de l'automobile monoplace est novateur dans le domaine des voitures de route ou de ville, mais on sait pourtant bien que la plupart des déplacements se font conducteur seul. Et quel plus grand gaspillage d'énergie que de rouler dans une berline 5 places quand on est seul ? Le pire étant de rouler dans un tout-terrain de 2 tonnes, mais pour les conducteurs responsables et écolo-actifs, il serait bien qu'un constructeur ose mettre sur le marché une monoplace. Si l'on est loin, ce concept-car PM est néanmoins un grand pas dans cette direction.

De plus, cette voiture est électrique, donc une pure zéro-pollution. Et le PM se distingue aussi par son ergonomie, puisqu'il n'a pas de volant, mais de 2 manettes, un peu comme un tank (!), si ce n'était que les manettes servent ici à tout, aussi bien diriger l'auto, qu'accélérer ou freiner. Plus révolutionnaire, le PM intégre un système électronique de détection d'autres comme lui, avec qui il peut échanger des informations. Il est ainsi possible de définir un PM « maître », et ensuite des PM « suiveurs » pour aboutir à ce que le conducteur du PM « maître » seul doive effectivement conduire. Les autres PM ont le statut de « suiveurs », et leurs conducteurs n'ont rien à faire, leur auto suit automatiquement celle qui est devant. Toyota a inventé le transport en commun en voitures individuelles !

Moins révolutionnaire, mais beaucoup plus proche de la série, le concept NSLV est une nouvelle illustration de la voiture urbaine de demain. C'est une spacieuse 4 places, pourtant très compacte, et dont les portes coulissent électriquement (comme les C8 et 807 chez nous, et l'Oldsmobile Silhouette avant elles). Avec un plancher parfaitement plat, de grands ouvrants, et un toit haut, voilà une auto dont il sera extremement facile d'entrer ou sortir, et le grand public aura bientôt l'occasion de le vérifier. On se souvient en effet du concept-car Sésame que Peugeot avait présenté au salon de Paris 2002, qui préfigure la future 107, et quasiment tous les autres constructeurs ont des projets assez similaires. La seule question est de savoir qui sera le premier à commercialiser une petite voiture aux portes coulissantes.

Mais le clou du stand Toyota à Tokyo, dont le thème est « écologie et émotion » est incontestablement la FINE-N (photo ci-contre). Cette auto, évolution de la FINE-S (notre article) présentée au dernier salon de Detroit utilise une pile à combustible, alimentée en hydrogène comme il se doit. Il s'agit d'une berline assez compacte (4,35 m de long pour 1,82 m de large), mais elle a une habitabilité comparable à une grosse Camry (50 cm plus longue) grâce à l'implantation dans le plancher de la quasi-totalité des organes mécaniques de l'auto. Les seuls éléments à ne pas s'y trouver sont les moteurs, il y en a 4, électriques de 25 kW chacun (et 110 Nm de couple), et ils sont dans les roues. Tout le reste est donc dans le plancher, la PAC, les batteries (Lithium-Ion), les unités de contrôle et les réservoirs d'hydrogène, tandis que toutes les commandes sont by wire, selon l'architecture qui sera bientôt commune à tous les fabricants de voiture à PAC. Mais là où Toyota fait fort, c'est dans l'autonomie de cette FINE-N : le constructeur annonce en effet 500 km. Cela alors que la voiture utilise de l'hydrogène gazeux (à 700 bars), elle passerait à l'hydrogène liquide, l'autonomie monterait probablement à 700 km.

A noter aussi que l'auto est équipée d'une nouvelle technique infaillible contre le vol, la reconnaissance faciale. C'est avec un système biométrique, et cela scanne la tête de quiconque voulant entrer dans l'auto. Si vous n'avez pas la bonne tête, vous n'entrez pas ! Toyota n'a pas fini de nous surprendre, et dans le futur proche, les performances du futur hybride développé à partir du Lexus RX330 devraient en faire bondir plus d'un. Ce concept-car SU-HV1 (ci-contre), reprend en effet le 6 cylindres 3,3 litres du Lexus de base (233 ch), et il y ajoute un moteur électrique de 120 kW (163 ch). C'est déjà très impressionnant, mais comme Toyota ne fait jamais rien à moitié, et que l'auto est une 4 roues motrices, il y a un second moteur électrique de 50 kW à l'arrière. Le communiqué de presse dit alors que la puissance est impressionnante, ce doit être vrai... Tandis que la consommation serait celle d'une voiture compacte...

La dernière nouveauté sera une la Crown Concept, une berline classique à essence, et le public japonais profitera aussi de ce salon pour découvrir le concept CS&S qui avait été présenté à Francfort (notre article). « Ecologie et émotion » dit donc Toyota, c'est vrai, mais on peut aussi y ajouter domination. Car avec 3 modèles de voitures de série hybrides exposées (Prius, Estima et Alphard), 2 concept-cars d'hybrides (la CS&S et le SU-HV1), un concept-car électrique (le PM) et un concept-car avec une PAC à hydrogène (la FINE-N), on est bien en peine de trouver quelque autre constructeur à en faire autant pour l'environnement. Même si, ironie de l'économie de marché, une partie du financement de cet effort vient de la vente de très gros, très lourds et très gourmands tout-terrains Sequoia ou Land Cruiser V8 aux USA. Mais on peut se réjouir que l'insouciance des américains finance la vertu qui sera obligatoire demain...

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